La fiction nous shoote aux endorphines !
Que ce soit au cinéma, au théâtre, dans les livres, voire dans les journaux, nous sommes prêts à payer pour que l’on nous raconte des histoires. (…)
Présente dans toutes les cultures, la fiction est un élément important de nos vies, qui nous permet de nous en évader ou de nous sentir appartenir à une communauté (comme, par exemple, la Confrérie de ceux qui se battent pour être moins de douze à avoir compris le dernier Godard). Mais la fiction a-t-elle aussi une fonction… biologique ?
La question n’est pas si saugrenue. On sait que le rire – provoqué, mettons, par la comédie – libère dans le cerveau des endorphines, neurotransmetteurs qui ont des vertus analgésiques et provoquent un sentiment de bien-être. Les films et les pièces comiques peuvent donc faire physiquement du bien.
Mais pourquoi aimons-nous aussi les drames et les tragédies qui nous font pleurer comme des Madeleine ? Les endorphines sont-elles là aussi de la partie ? C’est la question que se sont posée des chercheurs de l’université d’Oxford (Royaume-Uni) dans une étude publiée le 21 septembre par la revue Royal Society Open Science.
Pour y répondre, cette équipe a organisé une petite expérience pleine de drame, de larmes et de douleur – (…) Avant et après la vision d’un téléfilm tragique, les participants devaient répondre à un questionnaire sur leurs émotions et passer un test de résistance à la douleur, afin de mesurer s’il y avait eu libération des analgésiques endorphines à la vision du film. (…)
Le test consistait juste à se mettre assis contre un mur, mais sans chaise. Et à tenir le plus longtemps possible dans cette position vite insupportable. On a connu des expériences scientifiques plus féroces, les traditions se perdent. Un groupe témoin suivait le même protocole, mais, à la place du drame, regardait deux documentaires sans pathos, pour la même durée de quatre-vingt-dix minutes.
Ceux qui ont larmoyé sur l’existence du pauvre Stuart avaient certes le moral dans les socquettes mais une résistance à la douleur en nette augmentation, preuve, selon les chercheurs, que les endorphines étaient passées par là. A contrario, on enregistrait, chez les membres de l’échantillon de contrôle, un léger coup de mou émotionnel (sans doute dû à l’ennui) qui n’était en revanche accompagné d’aucune amélioration des performances à l’épreuve de la chaise sans chaise.
Pour les auteurs de l’étude, il est donc probable que nous aimions aussi toutes les fictions – qu’elles nous fassent rire ou pleurer – pour leur capacité à nous « shooter » aux endorphines. On comprend enfin pourquoi certains lisent Marc Levy.
Pierre Barthélémy
Pierre Barthélémy
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