En manque ! Retrouver théâtres et public, le vœu le plus cher de Denis Podalydès et Ludmilla Dabo
La vibration unique d’une salle remplie, les échanges d’émotions intenses avec les spectateurs, le don de soi, ce que l’on reçoit : le comédien Denis Podalydès comme l’actrice-chanteuse Ludmilla Dabo sont dans les starting-blocks pour retrouver la scène. Dès que possible.
Sentir l’ombre peuplée d’âmes vibrantes, respirer ensemble, deviner les sourires ou entendre l’émotion sourdre dans le silence… Autant de sensations précieuses que les acteurs désirent ardemment retrouver. Joie la plus grande de leur métier, sans doute, que cette relation avec le public — instinctive et viscérale, propre à leur art si vivant.(…)
Podalydès s’apprêtait à endosser avec délices la chasuble des médecins de Molière pour la reprise du Malade imaginaire dans la mise en scène de Claude Stratz….Sa « première » aurait dû avoir lieu le 25 décembre, salle Richelieu. Une date festive envisagée avec bonheur mais pas sans trac, même s’il comptait en savourer tous les instants : « Les grands rôles comiques de Molière se jouent avec la conscience du public et ce rapport direct est si fort que les spectateurs sont des partenaires : les rieurs deviennent des acteurs malgré eux. Comme je n’ai jamais vécu de période si longue sans fouler la scène, je me sens un peu rouillé. Or les rôles de Purgon et de Diafoirus demandent un engagement précis et rythmé. »(…)
On sent la même fébrilité chez Ludmilla Dabo. Actrice-chanteuse surdouée de 34 ans et meneuse de revue d’Une femme se déplace — comédie musicale concoctée par le metteur en scène David Lescot —, elle fut stoppée net dans son élan, à la mi-octobre, en pleine tournée…
La perspective de reprendre le spectacle est pour elle une « libération et une immense joie ». Partagées par une équipe de techniciens et d’interprètes (une quinzaine) qui n’attend que ça « pour finir avec grâce une année bouleversante ».
Car il y est question d’une femme qui réinvente sa vie : « L’héroïne cherche dans son passé à quels endroits elle aurait manqué de légèreté ou d’autodérision pour envisager son existence avec moins de pression. Une dynamique idéale, au moment où il s’agit d’interroger nos manières de vivre ! Le public sort en fredonnant et j’ai hâte de lui offrir cela à nouveau. Nous, artistes de la scène, sommes le miroir déformant dans lequel les spectateurs aiment se regarder. Et nous-mêmes, sans lui, ne sommes rien ! » Emmanuelle Bouchez TELERAMA 15 décembre 20
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