ESPRITS DU JAPON -10mn chronique- sur Ouest Track radio, dans Viva Culture, une émission de la MCH.

Connaissez-vous les yôkai ? En avez-vous déjà rencontrés ? Probablement pas. Sauf si vous êtes japonais.

Voici ce que dit Ryoko Sekiguchi, traductrice et auteur :
« En France, dans ce pays fier de sa raison et de sa logique, il n’y a plus de portes ouvertes sur un autre monde. Peut-être ont-elles été obstruées par la modernisation ? »
Rioko Sekiguchi qui est née à Tokyo et vit désormais à Paris, dit aussi :
« ( …) plus encore que dans l’univers rural où l’ordre du monde est bien défini, c’est dans les métropoles que s’entretient un chaos grouillant de créatures diverses et variées qui s’en donnent à cœur joie (…) les citadins ressentent cette « obscurité » (…) ils perçoivent ces « trous » qui persistent à vouloir se former à chaque occasion. »

Il n’est, en effet, pas facile pour nous occidentaux de saisir la nature des yôkai. Si l’on peut, évidemment, parler de nature en ce qui les concerne. Les yôkai ne sont ni des fantômes, ni des elfes, ni des fées, ni même exactement des monstres. Des sortes d’esprits mais pas tout à fait. Plutôt des souffles, des traces de choses et d’êtres indéfinissables. On ne fait pas mieux dans l’inatteignable qui cependant peut vous frôler à tout moment.

Charles Fréger est photographe. Il vit et travaille à Rouen. Il a publié plusieurs ouvrages, dont le dernier s’intitule : YOKAINOSHIMA, ce qui peut se traduire par : l’île des yôkai. Pourtant vous ne trouverez cette île sur aucune carte.

YOKAINOSHIMA est une fiction, une île qui n’existe que dans l’imagination du photographe. Elle lui fut inspirée par les intraduisibles yôkai, les, esprits, monstres ou spectres qui hantent cette terre chimérique.

Le recueil de photographies de plus de 200 pages, paru aux éditions Actes Sud réunit des portraits qui à eux tous symbolisent la cohabitation des humains et des « autres mondes » japonais.

Le Japon fait d’îles qui s’étendent du Nord au Sud connait des climats très divers et la nature n’épargne pas la population : séismes, typhons, tsunamis sont les manifestations d’une nature changeante, alors que la délicatesse des paysages incite à une sorte de tendresse pour ce décor. Ainsi dans ce milieu fragile et cyclique, se déroulent d’innombrables fêtes rituelles célébrant le passage des saisons. Dans les campagnes, pendant ces périodes, des divinités sont censées visiter les hommes. Les villageois incarnent ces divinités en arborant des masques et des costumes. Ces déguisements sont liés à des rites agricoles qui ont pour fonction de repousser les menaces de sécheresse, d’infestations ou de typhons. Ces rituels masqués sont des « stratégies surnaturelles pour influer sur les forces mystérieuses de la nature »


En 2013, Charles Fréger entreprend une campagne photographique et fait l’inventaire des figures masquées rituelles du Japon, il collecte ainsi les traditions qui rythment la vie de ses habitants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aujourd’hui, ces photographies donnent lieu à une grande exposition au Musée des Confluences à Lyon, intitulée : OKAINOSHIMA, esprits du Japon : quatre-vingts photographies de personnages aussi étranges pour nous que l’est la notion d’entités mystérieuses présentes à chaque instant de notre vie.

 

On retrouve ces mondes parallèles peuplés de yôkai dans la littérature japonaise, chez Haruki Murakami, par exemple, où la notion de passages dans un temps ou un monde parallèle, peuplés de personnages énigmatiques est constante, et où la circulation de l’un à l’autre de ces milieux, se fait de la manière la plus naturelle.
Comme dans les mangas, les jeux video, les dessins animés … Dans tous les films de Miyazaki, les yôkai apparaissent : Mon voisin Totoro, Le château ambulant … Dans Le voyage de Chihiro, alors que la petite fille franchit avec ses parents la porte de ce qui ressemble à un temple abandonné, immédiatement elle ressent que quelque chose se prépare et rôde autour d’eux. Plus tard, elle aperçoit des ombres, et ce sont bien des yôkai qui apparaissent et se meuvent comme de la fumée …

L’exposition YOKAINOSHIMA, esprits du Japon, à Lyon, au Musée des Confluences sera visible jusqu’au 25 août 2019. Elle met en scène les photographies de Charles Fréger grâce aux collections japonaises du musée.

 

 

 

 

 

 

 

Toutes les photos de cette page ont été prises au cours de  la visite de l’exposition Yôkainoshima, esprits du Japon au Musée des Confluences

Editions Actes Sud – Yôkainoshima, célébration d’un bestiaire nippon

Catherine Désormière

 

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