Festival International de Théâtre de Rue d’Aurillac : édition 69 du 23 au 26 août 2017.

La rue, ce merveilleux théâtre de tous les instants

Le théâtre de rue rassemble en toute liberté dans nos espaces publics,
il intrigue, il perturbe, il déboussole,
il fait rire, courir, danser.
Le théâtre de rue fait pleurer de bonheur !
Il fait crier de joie !
il procure des vertiges, fait tourner les têtes à droite à gauche,
il fait applaudir et fait huer.
Enfin, c’est son objectif de ne rien laisser tranquille dans nos esprits et dans nos corps.
Le théâtre de rue remet chaque année en route les turbines à idées,
une manière de rafraîchir et d’éviter d’éventuels engourdissements esthétiques !

La réunion humaniste qu’il provoque ici en Aurillac, faut-il le rappeler, est exceptionnelle et ne ressemble à aucune autre !
Ce n’est en aucun cas une féria ni un carnaval, même si nous sommes cousins.
Ici, c’est une concentration d’inventions littéraires, théâtrales, chorégraphiques, musicales et graphiques en tout genre, une ode générale à la conversation à toute heure du jour et de la nuit, une divagation initiatique qui régénère les convictions d’une communauté de partage en les remettant en jeu à tout instant.

Ici, en Aurillac, un peu sur le toit du monde nous faisons des confidences aux étoiles et écoutons parfois l’infini écho de nos rêves d’un monde idéal.

C’est la belle vie…
Mais pas que ; pendant ces quatre jours on se débat et on débat pour plus d’égalité , pour l’accès à la connaissance, pour trouver la façon la plus efficace d’éradiquer les misères sociales et d’éviter les violences de castes, pour stopper les combats nourris d’incompréhensions entre liberté et sécurité !

Tout ceci est fragile et nous le savons depuis 32 ans en Aurillac, que l’art dans les espaces publics est ce qui est le plus dangereux pour le moral de notre société, car il est le reflet direct et flagrant de notre niveau de tolérance à l’étrange étranger, le fil s’est tendu ces derniers temps et le maintien de cet « équilibre » culturel se doit d’être notre obstination.

Pas de répit pendant ces quatre jours !
La chasse à la mauvaise foi et aux contradicteurs parasites est ouverte ; sans retenue spectateurs et acteurs traqueront tout signe de régression culturelle et sociétale !
Avec comme arme de pure résistance le corps réduit parfois à sa plus simple expression, le corps costumé, le corps travesti, le corps chantant, le corps torturé, malmené, le corps rempart extrême dressé contre toutes les xénophobies et tous les racismes !

Ce corpus est celui de la rue, des parkings, des terrains vagues, des petits matins, des places bondées, celui des ciels étoilés, abandonné et rassasié.

Le chant du « brâme culturel » devrait raisonner encore une fois sur les monts du Cantal cet été en août et c’est tant mieux pour la jouissance !

Une édition 69 pour faire l’amour pas la guerre !

Jean-Marie Songy
Directeur du Festival d’Aurillac et du Parapluie

http://www.aurillac.net/index.php/fr/le-festival-d-aurillac/aurillac-2017

 

Dans La Terrasse :

Depuis deux ans, le calendrier du Festival d’Aurillac est déconnecté du temps réel. Jeu ou expression d’un désarroi ?

Jean-Marie Songy : J’aime remettre en question l’idée selon laquelle les choses se construisent dans l’accumulation d’événements. En décidant l’an dernier de présenter une édition 30 bis plutôt qu’une édition 31, je voulais prendre le temps de terminer ce que j’avais commencé l’année précédente. Soit une forme de bilan du travail réalisé jusque-là et des évolutions de l’art en espace public. Je poursuis sur cette lancée, dans le désir de prendre le temps de se poser. De se parler.

Et de s’aimer…

J-M. S : Face à la violence qui est entrée dans nos quotidiens depuis deux ans, j’en appelle en effet à la bacchanale plutôt qu’à la balistique. S’il est nécessaire de penser les malaises actuels, il ne faut pas oublier que notre liberté passe aussi par le corps et la jouissance. Or du fait de la proximité entre artistes et spectateurs, les arts de la rue se prêtent à ce questionnement. Pour preuve par exemple le singulier défilé de mode imaginé par Cirkatomik auquel participeront trente habitants, La recette des corps perdus où la compagnie Ilotopie met en scène la dévoration de l’acteur, ou encore Radio Vinci Park de François Chaignaud et Théo Mercier, qui pose la question de la transgression à travers un rituel en parking souterrain.

Vous programmez toutefois plusieurs spectacles à teneur très politique.

J-M. S : On ne peut pas travailler dans l’espace public et être coupé du monde qui nous entoure. Je suis très heureux de programmer pour la première fois Marie-Do Fréval avec ses Tentative(S) de Résistance(S), Les Tondues des Arts Oseurs, enquête urbaine sur les femmes rasées sur les places publiques pendant la Seconde Guerre Mondiale, ou encore les compagnies Theater Titanik et Pudding Théâtre, dont les créations évoquent les migrations.

Comme le suggère l’affiche du festival, la notion de risque est aussi centrale dans cette édition. Pourquoi ?

J-M. S : L’image du funambule me semble très bien représenter l’état actuel des arts en espace public. Du fait entre autres d’un soutien économique insuffisant – le montant de nos subventions stagne depuis une dizaine d’années – il est de plus en plus compliqué de maintenir une activité libre et débridée. Si cela continue, nous n’aurons pas d’autre choix que de quitter la rue pour retourner en salles. Mais en attendant, nous tenons bon dans l’irrévérence !

Propos recueillis par Anaïs Heluin

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