CARTE NOIRE NOMMEE DESIR

Ecoutez en podcast dans VIVA SUR SCENE sur Ouest track radio l’entretien de Florence Lafont au Fitz avec la performeuse et metteuse en scène REBECCA CHAILLON après son spectacle CARTE NOIRE NOMMEE DESIR au Volcan

https://ouest-track.com/podcasts/viva-culture-217/viva-sur-scene-rebecca-chaillon-10081

Dans Le Monde, Fabienne Darge, à Avignon juillet 24 :

Ce qu’elle veut vraiment faire : un théâtre de performance, où le corps serait en jeu, de même que la pratique de l’automaquillage artistique, sur laquelle elle s’est également formée. Un théâtre où s’exprimerait, aussi, sa fascination pour la nourriture, qui traverse tout son travail (…).

Rébecca Chaillon jette son corps dans la bataille, de même que celui de ses performeuses, dans ce spectacle qui déconstruit, en trois heures, les représentations de la femme noire, et ce qu’elles révèlent de l’inconscient colonial français. Un spectacle qui commence avant de commencer, par l’annonce faite par des haut-parleurs : les femmes noires assistant à la représentation sont invitées à se regrouper dans un autre espace que celui du reste du public.

Dans un salon de coiffure où, comme il se doit, on lit des magazines féminins : en l’occurrence Amina, dédié aux femmes antillaises et africaines, avec ses petites annonces sentimentales. Un vrai régal pour Rébecca Chaillon et ses partenaires, qui s’en donnent à cœur joie avec ces textes qui alignent comme à la parade tous les clichés qui collent à la peau de la femme noire. Cette chasse à la « perle noire », ces fantasmes de tigresses ou de gazelles, mais aussi les demandes des femmes, en recherche d’un homme blanc âgé et protecteur, feraient sourire, s’ils ne recouvraient la réalité affligeante d’un racisme qui s’infiltre au cœur le plus intime de l’amour et du désir.(…)

Ainsi va ce spectacle, qui subvertit tous les stéréotypes attachés à la femme noire – outre la femme de ménage, la nounou, la danseuse animalisée et sexualisée, la chanteuse, la racaille de banlieue… – et déploie les scènes les plus insensées, à l’image de ce banquet scatologique en forme de rituel défoulatoire et libératoire. Les huit femmes s’y livrent à un dynamitage en règle de toutes les représentations associant le noir et le marron aux excréments ou plus exactement – le mot est important – au caca.(…)

Avec une furie lacanienne et explosive, elles font éclater l’absurdité de ces associations, de ces inconscients structurés comme un langage où du caca on glisse au café et au cacao, qui ont été des matières premières au cœur de l’exploitation coloniale, mais sont aussi des mots employés pour définir des couleurs de peau. La chanson Couleur café, de Gainsbourg, en prend pour son grade au passage.(…)

Il y a un côté Alice au pays des merveilles grotesque, queer et surréaliste dans cette Carte noire qui adresse un vrai bras d’honneur à ce monde où les femmes n’ont jamais la couleur, le poids ou la taille imposés par le modèle dominant – un monde qui a érigé ses fantasmes de blancheur, de pureté et de légèreté comme un absolu permettant d’asservir une bonne partie de l’humanité.

  • D’origine martiniquaise, Rébecca Chaillon passe son enfance et son adolescence en Picardie. Elle rejoint Paris pour des études d’arts du spectacle et le conservatoire du XXe. De 2005 à 2017, elle travaille au sein de la compagnie de débat théâtral Entrées de Jeu dirigé par Bernard Grosjean et dans sa propre structure : La compagnie Dans Le Ventre qu’elle fonde en 2006. 

Sa rencontre avec Rodrigo Garcia la confirme dans son envie d’écrire pour la scène performative, d’y mettre en jeu sa pratique de l’auto-maquillage artistique enseignée par Florence Chantriaux et sa fascination pour la nourriture notamment avec son seule-en-scène L’Estomac dans la peau (lauréat CNT/ARCENA dramaturgies plurielles 2012) et ses autres créations au format court qu’elle écrit et performe. (…)

Elle est actuellement artiste associée au CDN de Rouen et en création de son projet spectacle Carte Noire nommée Désir et d’une petite forme avec Pierre Guillois dans le cadre de Vive le Sujet ! pour le Festival In d’Avignon 2019 intitulée Sa bouche ne connaît pas de dimanche .

  • Créée en 2006, la Compagnie Dans le Ventre explore les identités féminines, le rapport au corps et à la société. D’abord à travers des pièces d’auteurs, puis par un travail d’écriture plus personnel, dont les thématiques sont à la fois intimes, politiques et universelles.(…)
    Carte Noire nommée Désir (2021), spectacle pour 8 performeuses afrodescendantes, s’intéresse à la construction du désir chez les femmes noires en France. Il se joue une quarantaine de fois sur la saison 21-22.
    En 2022, la compagnie crée en coproduction déléguée avec le CDN de Besançon dans le cadre d’un contrat Société en Participation, Plutôt vomir que faillir, forme performative tout public à partir de 12 ans, qui articule adolescence et nourriture(s).

 

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