LES OISEAUX
Le spectacle est à 18 heures, place de l’Hôtel de ville. Il est donné sur le rideau bleu froid d’un ciel d’hiver, par les oiseaux. Ils arrivent de toutes parts, en compagnies pressées, et finissent par imposer contre la rumeur de la ville, les voitures même, leur vacarme égosillé.
Nous restons fascinés par les sidérantes évolutions de ces bandes s’égaillant, se resserrant, se séparant à nouveau, en savants mouvements d’escadrilles. Nous étonnent aussi les mystérieuses affinités qui les conduisent à choisir tel endroit, à rechercher tel voisinage, non parfois sans quelques hésitations, velléités de volatiles. Coups de bec, coups de plumes agressivement déployées. Il faut s’imposer, prendre sa place, malgré les premiers venus qui ne veulent rien céder, la défendre contre les derniers arrivants qui tentent de vous déloger.
Enfin, loin du ciel sans fin, il faut accepter de terrestres promiscuités et sautiller ensemble sur les moignons d’arbres taillés à la brosse et qui font la place au carré.
Ailleurs, plus chanceux ou moins sujets au vertige, certains se sont installés sur de grands peupliers, couronnant leurs hautes branches d’une frondaison noire, toujours plus dense. Et les retardataires, les habitués de la dernière volée trouveront là une dernière place où se percher, juste avant le couvre-feu, sous la belle étoile de leurs nuits.
Yoland SIMON in Fichue Météo