Le Havre dans une dimension rêvée

Exposition Philippe de Gobert, du 29 mai au 7 novembre 2021

Du merveilleux en architecture au conte photographique

au MuMa

Philippe de Gobert poursuit les rêves d’architectes. En reproduisant leurs bâtiments aux dimensions de maquettes, il se les approprie. En les réduisant, il les offre à nos regards d’enfants aux pouvoirs de géants. Pourtant, rien de ce travail ne pourrait faire penser à des maisons de poupée. Ce qui est mis en avant dans ces réalisations (la villa de Malaparte au bord de la Méditerranée, l’Atomium à Bruxelles…) est l’ingéniosité des constructeurs, parfois leurs obsessions, et la beauté des courbes et des lignes.

Le Havre, dans l’œil de Philippe de Gobert, ce sont des lignes. Celles des constructions de Perret, celle de l’horizon, celles des trottoirs et des perspectives d’un urbanisme géométrique, les quais, et tout ce qui s’élance vers le ciel, les lampadaires, les grues de chantier. Le Havre de la reconstruction, strictement. Celui que des Havrais ont vu s’élever progressivement, s’habituant au cours de mois et d’années à lever les yeux. Mais aussi à porter leur regard vers la mer au bout de rues et d’avenue rectilignes.
Ainsi, les immeubles de Perret ont été reconstruits, édifiés sur une table, minutieusement, leur échelle réduite au 1/100e. C’est alors que l’imaginaire de Philippe de Gobert a recréé la ville. La recomposant selon son rêve : une ville en sourdine. Il la réinvente, lui donne une lumière douce de gris crépusculaires, celle des commencements, il la réveille lentement. Il photographie une ville que l’on peut de nouveau habiter, mais pas tout à fait encore, posée sur un sol sablonneux, caillouteux.
Le mystère se cache derrière les fenêtres allumées, comme autant de points magnétiques. Dans ce décor, les êtres humains sont invisibles mais leur présence vibre quelque part derrière les façades ou au loin à bord de petits voiliers sur la mer étale. Les minuscules voitures isolées des années 40, 50, 60, qui apparaissent sur plusieurs clichés, garées le long des trottoirs inachevés, sont le temps suspendu entre passé et avenir. L’image si étrange de la silhouette du paquebot France aux quatre cheminées, qui file silencieux au bout d’une Porte Océane transfigurée, est la signature d’un imaginaire poétique où la rêverie n’a que faire de la réalité. L’essentiel ici est l’esquisse du lien transatlantique entre Le Havre et New York.
Tout aussi troublantes sont les photographies de l’intérieur des appartements, inondés de la lumière du jour. Pièces vides, pour seul meuble un tabouret, mais des objets, livres, outils, quelques sacs de matériaux de construction. Et aussi quelques galets… C’est l’image d’un renouveau, on s’installe, on emménage. Oserais-je dire que je sens l’odeur de la peinture et du ciment frais ?

CD

voir : http://www.muma-lehavre.fr/fr/expositions/philippe-de-gobert-du-merveilleux-en-architecture-au-conte-photographique

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