Université Populaire du lundi 1er avril 2019, « Quand le théâtre fait son cinéma. »

Invitée : Anne Quentin, auteure, critique dramatique, journaliste spécialisée dans les politiques culturelles, formatrice…

Elle interroge pour nous les dialogues de plus en plus fréquents entre l’univers théâtral et le cinéma. Le théâtre, rappelle-t-elle, n’a jamais été un « art pur », à Rome déjà il y avait sur les scènes, intégrés au texte, de la danse et du chant. L’avènement de l’électricité élargit les possibles. Le Château de Barbe-Bleue par exemple, opéra de Béla Bartok en 1918. Les « nouvelles technologies » font de la surenchère…Pour Robert Lepage, « la chandelle c’est déjà de la technologie. »

Mais c’est aussi la place du texte qui change. Il devient, avec l’écriture de plateau et les jeunes metteurs en scène, un matériau comme un autre. La bonne question à se poser est : Qu’est-ce que l’image apporte de plus ?  Le travail du comédien y est plus délicat, entre la scène et le plan rapproché de la vidéo.

Anne Quentin voit quatre raisons à la prolifération des images maintenant sur les scènes : L’époque contemporaine est à l’image. L’image permet de faire dialoguer deux temporalités différentes, ce que ne permet pas l’ici et le maintenant du théâtre seul. Elle attire des publics plus jeunes dans les salles. Les écrans peuvent permettre des économies de décors.

Depuis longtemps des films sont adaptés au théâtre et des pièces sont adaptées au cinéma. Et cela va croissant.

Voir : un extrait de « Les damnés », film de Visconti, mis en scène en 2016 par Ivo Van Hove, avec une caméra qui filme en direct sur le plateau.

Ou « Le mariage de Maria Braun » de Fassbinder mis en scène par Ostermeier. Ou encore « Festen » bientôt sur la scène du Volcan.

Certains, comme le collectif Berlin qui présentera en mai au Volcan son spectacle « Zvizdal », filment d’abord pendant plusieurs années avant de poser les choses sur une scène. Ils l’ont fait à Tchernobyl, à Moscou…

D’autres mettent en scène et filment en même temps. Voir le travail du Flamand Guy Cassiers avec par exemple « Rouge décanté » en 2014 où l’acteur disposait d’un bouton pour se filmer lui-même. C’est une immersion dans l’image. Grâce à la sonorisation, l’acteur peut chuchoter et son image en gros plan permet au spectateur de pénétrer dans son univers mental.

Des femmes sont présentes aussi dans ce travail théâtral de l’image. Katie Mitchell, Anne-Cécile Vandalem et son théâtre filmé, « Tristesse », « Arctique » que nous avons vus au Volcan…

Grande et petite histoire peuvent se rejoindre sur la même scène grâce à la projection d’images d’archives.

Anne Quentin cite également Julien Gosselin (« Les particules élémentaires »). Cyril Teste ( « Nobody », « Festen ») qui a défini son propre dogme, une charte de création pour identifier la performance filmique.

Un trop court débat clôt la conférence. Les plus vieux des spectateurs ont l’impression, face à la prolifération des images, de ne pas pouvoir tout voir, de peut-être rater des choses. Les plus jeunes, eux, ont l’habitude de tout regarder en même temps. La multiplication des points de vue ne les dérange pas. Le regard du spectateur a besoin de s’habituer à cela. C’est ainsi d’ailleurs que l’on voit apparaître beaucoup de collectifs au théâtre.  Il y a de plus en plus de transversalité sur les scènes. La puissance de l’image peut faire venir une pluralité des temps sur la scène, le temps présent, passé, à venir, le temps imaginaire… Le medium image permet tout cela.

Parfois on se dit que l’acteur disparaît un peu, c’est déconcertant, ça peut être vertigineux…Où suis-je ?

Mais comment dire autrement le temps contemporain ?

Véronique Garrigou

L’association MCH a interrogé cette relation entre scène et cinéma lors de deux Grandes conversations :

  • Les nouvelles scènes en 2014 au Satellite Brindeau (Anne-Laure Liégeois, Guy Delamotte, metteurs en scène, Benoit Petel, secrétaire général de l’Opéra de Rouen, Catherine Massip, secrétaire générale et présidente d’honneur des Arts Florissants, Jean-Francois Driant, directeur du Volcan, Scène nationale Marcel Freydefont, scénographe et historien d’art )
  • Le texte en scène en 2016 au Fitz (Joseph Danan, auteur dramatique et essayiste, auteur de : Entre théâtre et performance : la question du texte. Florence Caillon, chorégraphe, dont le spectacle Passion simple, adaptation du roman d’Annie Ernaux, au programme du Volcan les 19 et 20 mai. Marie-Hélène Garnier,  comédienne, dont le projet Le grand déballage a été représenté au Volcan en février 2016. Luc Boucris, chercheur, auteur de Arts de la scènescène des arts, brouillage de frontières.)

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