Sculpteurs d’Afrique – 10mn chronique, sur Ouest Track radio, dans Viva Culture, une émission de la MCH

IMG_2759Bamassi Traoréné au Sénégal – Gorille – Métaux de récupération – 

Aujourd’hui qu’appelle-t-on Art africain ? Ces magnifiques œuvres d’art qu’on peut voir par exemple à Paris au musée du quai Branly, ce masque du Gabon en bois sculpté, qui date du XIXe siècle, ou cette statue du Mali à tête d’homme et corps de femme qui représente la terre nourricière et datant du XIe siècle ? Certes. Cependant, si on n’a pas encore eu l’occasion de découvrir ce que le public a pu voir récemment dans un grand nombre d’expositions, cette multitude de pratiques artistiques qui composent l’univers de l’art contemporain africain, il est temps de se pencher sur ce que le présent apporte, sur une diversité, une créativité foisonnante, d’autant plus importante quand on considère la surface du continent africain et le nombre de pays qui le compose. Entre un artiste né au Congo et un autre né au Bénin, en Côte d’Ivoire ou au Sénégal, de multiples tendances se croisent. Il faut bien dire qu’avant le tout début des années 80, on n’entendait « Art africain » qu’en faisant allusion aux œuvres que j’évoquais précédemment, lesquelles ont été souvent collectionnées à la faveur des missions ethnologiques ou en tant que butin des guerres coloniales, celles qui ont été mises en lumière par les écrivains et les peintres surréalistes dans les années 20 et qui ont contribué à l’essor de nouveaux courants artistiques.

Revenons à aujourd’hui. Que dit La galériste Marie-Ann Yemsi à propos des artistes africains ? Qu’on ne les connaît pas, à part quelques rares exceptions : Ces jeunes artistes voyagent, bougent, ont grandi avec Internet, écoutent la même musique qu’ici. Pleinement engagés dans le mouvement du monde, dans les migrations, l’exil choisi ou contraint. ils traduisent ces questionnements par des stratégies silencieuses. Mais on est d’abord intrigué par des œuvres chatoyantes. Certaines sont politiques, d’autres plus autobiographiques.
J’ai voulu montrer cette grande diversité, l’enchevêtrement des points de vue. Ils sculptent un monde en mutation fait de circulation des idées, des cultures, des objets. La circulation, les beaux mots « d’accolement des mondes » du poète Edouard Glissant, sont importants en ces temps de crispations identitaires.

L’année dernière, à cette époque, avait lieu au Havre, au Museum, l’exposition : L’autre continent, Femmes, artistes, africaines. Là étaient réunies des œuvres aussi différentes dans leur pratique que des dessins, des videos, des sculptures, des photographies et des installations. Ici encore se croisaient les diversités des pays d’Afrique, au présent et au féminin.
Pendant ce dernier printemps, à Paris, plusieurs expositions consacrées aux artistes africains ont ouvert leurs portes, en particulier : Afrique capitales. où 60 artistes proposaient videos, installations, photos, créations sonores…
Ces derniers événements, certes, sont clos mais les artistes eux, continuent leur chemin et ce sont eux qui nous intéressent, chacun particulier, chacun venu de régions différentes et issu d’une histoire personnelle. Le moment ne serait-il pas venu de penser à chacun comme à un artiste novateur et singulier et pas seulement comme à un artiste Africain.

Jusqu’au 14 janvier 2018, à Avignon, au Palais des Papes, se déroule une exposition intitulée : Les éclaireurs, sculpteurs d’Afrique. Collection Blachère.
Y sont rassemblées les créations d’artistes aussi divers que venus du Nigeria, du Congo, d’Angola, du Sénegal, du Ghana, de Côte d’Ivoire, du Mali, du Bénin, d’Afrique du Sud. Illes éclaireur s’appellent : Nnenna Okore Egwu, Moustapha Dimé, Abdoulaye Konate, El Anatsui, Ndary Lo, Romuald Azoumé, Colleen Madamombé, Freddy Tsimba, Bamasi Traoré, Ousmane Sow…

IMG_2789Les différents courants de la production de ces artistes découlent des problèmes auxquels l’histoire de leurs pays a été confrontée : le passé colonial et la décolonisation, l’esclavagisme. Mais aussi, au présent, à ceux liés aux conflits politiques, aux guerres, au quotidien. La vie urbaine y tient une grande part. Le corps humain y est    également très présent, corps athlétique ou corps blessé.Ces artistes s’inspirent à la fois d’un art traditionnel et de la modernité. Ce qui frappe peut-être le plus dans cette exposition, ce sont les œuvres faites de matériel de récupération, monumentales ou modestes. Elles sont étonnantes d’ingéniosité, grâce à des objets courants, déchets ou ustensiles usuels, écrous, fils de fer, morceaux de plastiques, plaques de métal. Mais que l’on ne s’y trompe pas, cet art n’est pas un art pauvre. Ce recyclage a une signification, et même diverses significations selon les artistes. Ainsi il peut s’agir de l’expression du quotidien, mais aussi et plus largement expression des préoccupations du monde moderne : écologie, rejet de la société de consommation, représentations de faits politiques. Par exemple, Freddy Tsimba qui crée ses sculptures avec les déchets qu’il récolte sur les lieux de conflits, explique qu’elles symbolisent non seulement la guerre civile en République Démocratique du Congo, mais aussi toutes les guerres. Et il ajoute : « Tous les débats concernant la pseudo africanité de nos œuvres sont dépassées. » Comment mieux dire que l’appartenance à un pays ne constitue pas une école et que les artistes africains sont au monde et créent dans le monde.

                                                                        Nicolas Dalongeville Aka Niko – Bénin-

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Ndary LoSénégal –  Marcheurs 

Vases communicants MCH/Ouest Track Radio :
 réécoutez 10 mn Chronique! en podcast dans l’émission Viva Culture ! du   15 octobre, sur #Ouest Track Radio (95.9) –   Extrait musical :  Batela par Gasandji

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