RICHARD III de SHAKESPEARE mise en scène de Thomas JOLLY

THEATRE DE L’ODEON janvier 2016
par Christine LABOURDETTE
Restée sur la très bonne impression laissée par le spectacle de 18H « Henri VI » en juin dernier, c’est avec une grande curiosité que je m’apprête à découvrir la dernier épisode de la saga écrite par Shakespeare autour de la guerre des Deux Roses.
Très bien placée, au troisième rang d’orchestre, je découvre un plateau très sombre, atmosphère crépusculaire, acteurs vêtus de noir.
La pièce « Richard III » est beaucoup plus « psychologique » que Henry VI, les motivations de Richard dans sa quête du pouvoir à n’importe quel prix nous étant dévoilées par le personnage lui-même, en permanence.
« Je fais le mal, et je suis le premier à brailler. Les méfaits que j’accomplis en secret, je les rejette, comme autant de charges accablantes, sur d’autres…..Et ainsi, j’habille ma vilenie toute nue avec de vieux versets volés au livre sacré, et j’ai l’air d’un saint, quand je fais au mieux le diable » Acte I scène 3.
Comme si Richard, joué par Thomas JOLLY lui-même, dans une jubilation évidente, était parfaitement conscient de ses actes et suivait un destin tout tracé pour lui: faire le mal, tuer, trahir, violer etc..
Or cette incarnation du mal, l’acteur la représente admirablement, avec une grande séduction, allant jusqu’à se faire applaudir par la salle, alors qu’il chante: « I AM A MONSTER»
Astuce maligne: dans la pièce, Richard est décrit comme un être difforme, bossu, disgracieux; Richard ici est affublé d’un amas de plumes fixé sur son dos, sa claudication est renforcé par des sangles entourant une de ses jambes et au bout de son bras atrophié sont fixées des griffes.
Ces éléments font apparaître le caractère animal de Richard constamment traité dans la pièce de chien sanguinaire, de sanglier, de monstrueuse araignée etc..
Autour de lui se débattent les autres personnages, joués par les acteurs déjà vus dans la pièce précédente.
Les quatre rôles féminins sont peut-être les moins bien servis dans cette version de la pièce: la Reine Marguerite, la Reine Elisabeth, la duchesse d’York (mère de Richard) et Lady Anne. Elles crient beaucoup, sont constamment en colère, et ne paraissent jamais à leur avantage, même
Anne, la plus victime de toutes… Tout se passe comme si T.Jolly s’était réservé toute la part de féminité de la pièce avec son physique d’elfe gracile et ses tenues chatoyantes.
On a beaucoup parlé de la scène avec sa mère où il parait curieusement silencieux face à cette femme qui ne lui exprime que sa haine féroce de ce fils qu’elle regrette d’avoir engendré…Une clef (peut-être un peu trop facile) pour expliquer la noirceur de l’âme de Richard dans laquelle
n’entre pas une once de culpabilité?
Comme dans toute histoire où la description du Mal absolu est sans concession, on se demande: pourquoi la rébellion est-elle si longue à s’organiser? Et pourquoi tant de victimes, y compris des enfants, avant que le tyran ne soit abattu?
Enfin, j’ai été sensible à la beauté de la scénographie et de la lumière, notamment ces magnifiques portraits en couleur qui descendent des cintres nous rappelant la généalogie de cette tragédie…
Christine Labourdette

Photo : http://sortir.telerama.fr/public/commun/illustrations/72/35/0/388x.jpg

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