Mort de l’écrivain Dan Fante, fils de John.
Dans le Monde, Florence Noiville rend hommage à Dan Fante :
« Le romancier, poète et dramaturge Dan Fante, l’un des représentants de l’underground littéraire aux Etats-Unis, est mort lundi 23 novembre à Los Angeles. Il était âgé de 71 ans.
Son nom exact était Daniel Smart Fante, et sa vie, très tôt, fut tissée de dérives et de violences. Né le 19 février 1944 à Los Angeles, Fante est le petit-fils d’un maçon italien des Abruzzes parti au XIXe siècle chercher une vie meilleure en Amérique. Et le fils de John Fante (1909-1983), devenu romancier et scénariste à Hollywood, considéré comme un précurseur de la Beat Generation, admiré de Charles Bukowski, et auteur notamment du célèbre Demande à la poussière (Ask the Dust, 1939, traduit en France chez Christian Bourgois en 1986).
(…) Un lourd atavisme court de génération en génération dans la famille, l’alcool. Dans ses Mémoires intitulés en anglais, Ecrire, boire et survivre, l’héritage d’une famille, et traduits en français sous le titre Dommages collatéraux : l’héritage de John Fante (Ed. 13e Note, 2012), Dan Fante raconte qu’il a pris sa « première cuite à 4 ans ». (…) Il ne vaincra vraiment ce fléau que tard dans sa vie. « J’ai été saoul et barjot pendant de nombreuses années, confiait-il au Monde en 2014. Puis je me suis réveillé. Ce fut un long et terrible voyage. »
Autodidacte
Autodidacte, il quitte la Californie et s’installe à New York où il enchaîne les métiers alimentaires. Il devient colporteur, conducteur de limousine, chauffeur de taxi, laveur de carreaux, vendeur par téléphone, détective privé, gardien de nuit dans un hôtel… Il tâte de la poésie, des nouvelles, du théâtre. Ses « icônes littéraires » sont Hubert Selby Jr, Charles Bukowski et… John Fante. Il appartient au courant du « réalisme sale » (« dirty realism »)(…) C’est en France qu’il trouvera son premier éditeur. En 1996, Robert Laffont publie Les anges n’ont rien dans les poches, réédité en 2011 aux éditions 13e Note. Suivront chez Bourgois En crachant du haut des buildings (1999), La Tête hors de l’eau (2001) puis Limousines blanches et blondes platine (13e Note, 2010).
Ces quatre volumes constituent la tétralogie Bruno Dante. (…) C’est finalement l’écriture qui le sauvera. « Pour faire cesser les hurlements dans mon cerveau, j’ai commencé à écrire. J’ai pris conscience que je ne pouvais pas me tuer quand je tapais à la machine. Donc j’ai continué comme un fou… et la folie s’est évanouie. »
- Florence Noiville
Journaliste au Monde
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