Guerres : des hommes et des oeuvres.
Sur France-culture, dans l’émission Culturesmonde, Florent Delorme interroge ses invités :
- Nada Al Hasan : chef de l’unité Etats arabes au sein du département Patrimoine mondial de l’Unesco.
- Vincent Michel : directeur de la Mission Archéologique Française pour la Libye Antique. Il a mené la dernière mission en Libye en 2013
- Lamya Khalidi : archéologue, anthropologue, spécialiste du Yémen.
En Syrie, en Irak, en Libye: les sites archéologiques sont victimes de destructions intentionnelles.
http://www.franceculture.fr/emissions/culturesmonde/archeologie-34-de-cyrene-sanaa-sauver-le-patrimoine
- Sur RFI : Marie-France Chatin : « Palmyre, site classé au patrimoine mondial de l’Unesco, abrite les ruines monumentales d’une ville qui fut l’un des plus importants foyers culturels du monde antique. La chute de Palmyre a fait prendre conscience au monde qu’il était concerné, que le patrimoine mondial était menacé.
Selon Maamoun Abdulkarim, directeur général des antiquités et des musées de Syrie, sur les 10 000 sites répertoriés dans le pays, il est fait état de la destruction et du pillage de 300 d’entre eux. Au-delà des sites, ce sont des villes entières, comme Alep, des citadelles, des lieux de cultes, de vie – comme les souks -, des monuments qui ont subi des dégradations parfois irréversibles.(…)
Que restera-t-il des vestiges de l’une des plus anciennes civilisations, celle qui a donné naissance à l’écriture, à la roue, aux cités-Etats, à l’architecture monumentale, à l’année de 12 mois, au cercle divisé en 360 degrés ? Fort de l’expérience du pillage du musée de Bagdad, Maamoun Abdulkarim et ses équipes sont parvenus à mettre à l’abri plusieurs centaines de milliers d’objets. Mais cela ne représente jamais qu’une goutte d’eau. »
http://www.rfi.fr/moyen-orient/20150711-syrie-irak-unesco-etat-islamique-guerres-archeologiques-patrimoine-syrien-dang
- Dans Le Monde : Le patrimoine archéologique n’est pas la préoccupation première. Cela est compréhensible, mais la Syrie est aussi un pays à la richesse culturelle exceptionnelle : Ebla et sa bibliothèque aux tablettes d’argile rangées dans des casiers au IIIe millénaire av. J. -C. ; Mari et le palais du roi Zimri-Lim qui s’étend sur près de 2,5 hectares au IIe millénaire av. J.-C. ; Palmyre qui résiste héroïquement aux Perses sassanides puis aux Romains ; Damas, la capitale des Omeyyades, et sa célèbre mosquée terminée en 715, dont les décors ont servi de modèle en Orient mais aussi en Espagne ; Rafiqa choisie comme capitale par l’abbasside Harûn al-Rashid, le calife des Mille et Une Nuits.
De nombreux sites sont inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco : les anciennes villes de Damas au centre du pays, Bosra au sud, Alep au nord, Palmyre au milieu du désert, le Krak des chevaliers et le château de Saladin ainsi que les villes byzantines du massif calcaire aux vestiges particulièrement bien conservés : églises, maisons aux linteaux sculptés, thermes. Tous ces sites sont, depuis le 20 juin, inscrits sur une autre liste de l’Unesco, celle du Patrimoine mondial en péril !
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/07/24/en-syrie-la-guerre-civile-met-en-peril-un-patrimoine-culturel-mondial_3453122_3232.html#GRdlE5b85a6bLeKB.99
- Dans le journal La Croix : Peut-on préserver le patrimoine archéologique en temps de guerre ?
Annie Caubet (Archéologue, spécialiste du Proche-Orient, conservateur honoraire du musée du Louvre)
» Voilà une question embarrassante. Si l’on ne peut sauver des vies, peut-on sauver des monuments ? (…)
Les sites peuvent-ils être préservés ? On l’a fait, en tout cas on a essayé. Rappelons que la communauté scientifique américaine s’était fortement mobilisée lors de l’invasion américaine en Irak, fournissant en hâte au Pentagone des listes de sites à épargner absolument, après avoir vainement tenté d’arrêter le processus de guerre. Cela a peut-être servi, un peu.(..)
Nombreux sont les antécédents historiques de la destruction systématique du patrimoine d’un peuple par un autre, vainqueur, afin de mieux effacer son identité et sa raison d’être. Des Assyriens aux Mongols, sans oublier les Pharaons qui n’ont pourtant pas aussi mauvaise réputation ; la fureur destructrice est inscrite dans les gènes de l’humanité. »
Jean-Louis Huot (Professeur honoraire à la Sorbonne (Paris I), ancien directeur de l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient, et de la Délégation archéologique française en Irak)
« Les destructions de sites archéologiques en temps de guerre offrent une diversité infinie ! L’Unesco est à la pointe du combat.(…) La protection et la préservation de sites archéologiques ou de monuments sont un luxe de pays riche et en paix. Un avantage de plus, bien peu souvent mentionné, de la construction européenne, que ses citoyens ignorent. »
Sabine GIGNOUX, le 07/02/2011
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