Femmes : sexisme, racisme vs science et histoire #2

Le féminisme français a-t-il une couleur ?

Longtemps, la question ne s’est même pas posée. Mais de jeunes militantes le disent de plus en plus fort : il est blanc. Beaucoup trop blanc. Elles se revendiquent « afroféministes » ou « féministes décoloniales », et contestent avec véhémence les idées et les combats du féminisme qu’elles appellent main­stream. Selon elles, ce dernier ne libère pas les femmes : il est au contraire complice de l’oppression dont sont victimes celles issues de l’immigration, les « non-Blanches », qui les préoccupent au premier chef.(…)

Plus qu’un courant de pensée, le féminisme décolonial est une constellation de jeunes diplômées, nées en France de parents émigrés d’Afrique noire ou du Nord : pour la plupart femmes actives, étudiantes, jeunes chercheuses ou militantes.

Pour les jeunes Françaises issues de l’immigration, qui entendent ainsi conjuguer combats féministe et antiraciste, les points de divergence avec les féministes « majoritaires » sont nombreux. Le rapport à la beauté en est un. « Pour les féministes blanches, c’est un carcan dont il faut se libérer, note Rokhaya Diallo. Pour les femmes noires, au contraire, l’accès à la beauté est un enjeu car elles ne sont pas considérées comme répondant aux canons. Leur idée n’est pas de s’en libérer, mais d’imposer les leurs. De pouvoir aller au travail avec ses cheveux crépus par exemple…(…)

La question du travail, elle aussi, se pose différemment. « Le combat du féminisme dominant, c’est d’obtenir l’égalité des salaires et des carrières entre les sexes, relève Hourya Bentouhami, enseignante-chercheuse en philosophie à l’université Jean-Jaurès de Toulouse. Mais pour les femmes issues de l’immigration, la priorité, c’est l’accès au marché du travail. »(…)

« Affirmer que certaines femmes ne peuvent pas penser par elles-mêmes, qu’elles doivent être traitées comme des enfants, c’est l’un des grands symptômes du colonialisme », observe la sociologue Christine ­Delphy, l’une des rares féministes « historiques » en phase avec ce mouvement. « Il y a chez les féministes majoritaires une cécité par rapport à la réalité sociale, au vécu d’une grande partie de la population », renchérit ­Hanane Karimi, doctorante en sociologie à l’université de Strasbourg (…)

Si la question du voile divise autant les deux courants, c’est que leur rapport à la religion diffère profondément. En France, le mouvement féministe s’est historiquement construit contre l’Eglise, pour obtenir la liberté sexuelle, le droit à la contraception et à l’IVG. A ce titre, il revendique de pouvoir critiquer l’islam. Une attitude récusée par les féministes décoloniales. « Le statut de la religion musulmane en France n’est pas celui de l’Eglise catholique, qui était une religion d’Etat pratiquée par les puissants », réfute Hourya Bentouhami.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/25/droit-des-femmes-la-lutte-en-couleurs_5037842_3232.html#2pKRei4wX1iDWq4m.99

À partir des années 1980, se développe une démarche critique de l’hégémonie d’une certaine pensée féministe, blanche, occidentale, qui n’avait pas suffisamment reconnu les tensions dans les débats et luttes féministes, pourtant âpres, autour des questions de classe, de race ou de nation. Cette démarche de décolonisation du féminisme est inspirée par des militantes et théoriciennes issues de la migration, des minorités, et surtout par des militantes et théoriciennes dans les pays du Sud….Christine Verschuur, professeure, Suisse.

 

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