Ici sont les Dragons, nouvelle création du Théâtre du Soleil. Bon plan MCH le 8 décembre.
L’association MCH propose à ses adhérents un bon plan, au Théâtre du Soleil à Vincennes, le dimanche 8 décembre à 13h30. Prix des places : 25€ (au lieu de 35€).
Pour vous inscrire, c’est ici.
Retrouvez la description de ce projet sur le site du Théâtre du Soleil ici.
Et lisez l’entretien qu’Ariane Mnouchkine a accordé au journal LA TERRASSE :
L’hiver dernier, Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil ont organisé à Kyiv une École Nomade. Au bord de la guerre*, film documentaire poignant, a retracé cette extraordinaire aventure artistique et humaine. Dans le sillage de cet engagement, le Théâtre du Soleil présente la Première Époque d’une vaste fresque explorant les mécanismes du totalitarisme, « grand spectacle populaire inspiré par des faits réels ». Ce volet initial, sous-titré « La victoire était entre nos mains », éclaire les années 1917-1918. Une promesse de beau théâtre, revigorant, utile et éclairant.
Quelle est la genèse de cette nouvelle création ?
Ariane Mnouchkine : Je crois que, comme tous nos spectacles, celui-ci est né d’une émotion et d’’une question que nous sommes nombreux à nous poser depuis deux ans : comment au XXIème siècle en arrive-t-on à la tentative d’invasion, d’asservissement, de destruction d’un pays indépendant, par une autre puissance dont le PIB est quasi identique à celui de l’Espagne mais qui possède un énorme pouvoir de nuisance ? Qu’est-ce qui, au cours des décennies, fabrique un dirigeant, je dirais un homme, tel que Vladimir Poutine ? Pour essayer de répondre à cette question, il nous fallait tenter de raconter, théâtralement, l’accouchement d’un système qui a changé le monde. Je devrais dire deux systèmes, car la guerre de 1914-1918 nourrira le nazisme autant que le bolchevisme. (…)
« Notre ambition est de réussir à jouer sur scène les mécanismes de l’histoire. »
Comment vous êtes-vous emparé de cette matière historique ?
A.M. : Nous nous sommes nourris de multiples archives et écrits des grands protagonistes de l’époque et d’innombrables livres d’historiens de toutes sortes d’obédiences politiques. (…) Le théâtre a ses langages. Il sait et peut tout raconter. À nous d’être à la hauteur de notre art pour être à la hauteur de l’Histoire. (..)
Quel prisme théâtral avez-vous conçu pour raconter la Révolution russe ?
A.M. : La forme. Un récit, qui parfois semble se résumer à de féroces et assassines batailles d’idées, nécessite des formes très fortes pour qu’advienne l’incarnation épique. Oui, je sais, c’est apparemment une contradiction, mais, moi, j’aime bien affronter cette contradiction. C’est l’art et le plaisir du théâtre. (…)
Pourquoi ce titre générique : Ici sont les Dragons ?
A.M. : « Hic sunt dracones » : c’est une phrase qui apparaît dans la cartographie médiévale et désigne des lieux encore inconquis à l’époque, inhabités, croyait-on, et dangereux. Figurer des monstres ou créatures mythologiques dans ces zones inconnues était courant. Je trouve cela vraiment beau et je peux vous assurer que dans cette terra incognita que nous explorons et qui parcourt les XXème et XXIème siècles, les dragons sont bien présents !
Propos recueillis par Agnès Santi
*édité en 2024 sous la direction de Guillaume Fondu (traducteur), Mylène Hernandez et Éric Sevault, par le collectif d’éditeurs indépendant Smolny (Toulouse, 2024)
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