Amou Tati dans « La dame de fer »

Théâtre du Bourg Neuf à AVIGNON – juillet 2014

Compagnie CCCC Checco

Non, il ne s’agit pas de la Dame de fer qui présida naguère aux destinées de L’Angleterre. Dès que l’actrice apparaît, on devine aussitôt que l’on va être subjugué par une Afrique enchantée pour reprendre le titre d’une célèbre émission.

Par cette Afrique du sourire des rusés et du bonjour des simples dont parle René Char. Par une Afrique de femmes exemplaires, encombrées d’enfants, souvent abandonnées par les hommes, et soutenant le pays avec leurs bras tutélaires et puissants. C’est l’histoire d’une ces anonymes héroïnes que nous offre Tatiana Rojo dans un récit malicieux et émouvant, réaliste et imagé. Une palabre, en somme, dans la pure tradition du grand continent.

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L’héroïne a quatre filles, autant de problèmes. Il faut les nourrir, les élever, les prévenir contre les dangers d’une société passablement machiste et où la lutte pour la survie ne s’embarrasse pas de scrupules excessifs. Amoutati non plus. Elle avoue, avec une roborative sincérité, que d’abord il faut trouver l’argent qui manque cruellement, qui ruisselle ailleurs, car « si le cacao ne pousse pas à Genève, là-bas, ils sont tous chocolatiers. » Alors Amoutati nous rappelle cette sagesse populaire véhiculée dans le monde entier par de savoureux proverbes : « On sèche son linge où le soleil brille. » Mais les filles sont jeunes et guère préparées à recevoir ces leçons. Celle-ci est si chaude que la maison en est aussi toute réchauffée. Comment recevrait-elle ce sage avis de la mère : « Pour l’homme, la femme c’est comme le café, au début ça l’excite, après ça le rend nerveux. » Une autre fille est plus sentimentale : « Chaque fois qu’elle fait une rencontre, sa spécialité, c’est le coup de foudre. » Mais le grand rêve est ailleurs. Sur ces terres bénies par le Dieu dollar et par l’Euro, son jeune confrère. Et Tatiana de nous décrire la quête de ce graal, un mari américain québécois, voire français, fût-il vieux, laid et vaguement cinglé. Et c’est avec une verve étonnante que la comédienne nous décrit les incroyables manies de ces blancs, leurs loisirs insensés, leurs étranges lubies.

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Un peu comme dans l’exotisme inversé des Lettres persanes de Montesquieu, nous devenons ainsi de curieux objets sous le regard amusé de cette facétieuse observatrice qui nous fait redécouvrir la bizarrerie de nos coutumes, de nos modes de vie. Mais le spectacle est encore le magnifique portrait d’une mère africaine, d’une « mère courage », jamais abattue par les revers de la vie ni les aléas d’une existence sans cesse menacée. Et en plus, elle chante et elle danse. Radieuse Afrique.

Yvette SIMON. Association Maison de la Culture. Le Havre.

Amou Tati dans « La Dame de Fer » – Compagnie CCCC Checco

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