Venez, amis de la musique, à l’agréable fête !

Les mélomanes havrais ont bénéficié d’une mémorable saison musicale grâce aux choix éclectiques des différents programmateurs de notre agglomération et à la qualité des ensembles locaux et invités.

Lors de la ré-inauguration du Volcan avec le concert de l’orchestre national de Lille, tout le monde attendait le verdict de Jean-Claude Casadesus sur l’acoustique rénovée, tant il avait été sévère trente-trois ans plus tôt lors de l’inauguration initiale. Ouf ! Le maestro fut satisfait, mais, sans même attendre son verdict, nos oreilles avaient pu apprécier la capacité du nouveau dispositif à faire percevoir toutes les nuances de l’orchestre. Ce plaisir fut confirmé par les autres concerts qui donnèrent à entendre non seulement un autre orchestre symphonique, les Dissonances, mais aussi d’autres types de formations : le piano solo de Brad Mehldau puis de Boris Berezovky, les vents seuls des Dissonances dans la sérénade Gran partita de Mozart, la musique baroque, qu’elle soit religieuse et chorale (Te Deum de Lully et Charpentier par le Poème Harmonique)ou profane et concertante (concertos brandebourgeois de Bach par le concerto Köln, le plaisir étant doublé par l’occasion rarement offerte de les entendre tous dans un même concert),et, enfin, la combinaison acoustique et amplifiée du quatuor Kronos.

Mozart, Haydn, Brahms et Bach auront été les compositeurs les plus joués au cours de cette saison. Au théâtre de l’Hôtel de Ville, Résonances donnait aux trois premiers une longueur d’avance en plaçant son cycle de musique de chambre sous le signe de Salzbourg et Vienne avec les solistes de Salzbourg conduits avec fougue par Lavard Skou-Larsen, mais un heureux hasard nous offrit aussi au Volcan deux œuvres orchestrales de Brahms. Quant à Mozart et Haydn, ils étaient également au programme printanier des Découvertes, l’ensemble symphonique de la ville du Havre. Bach, joué au Volcan comme dit plus haut, reste le compositeur le plus prisé pour faire vibrer les voutes de la cathédrale Notre-Dame (passion selon St Jean par les chœurs et orchestre André Caplet, messe en fa et magnificat dans le cadre d’un partenariat entre le conservatoire Honegger du Havre et l’orchestre André Messager de Montivilliers).

Il fallait bien la capacité du grand Volcan pour accueillir le public nombreux venu applaudir Boris Berezovsky dans un programme varié, où le plaisir d’entendre des œuvres bien aimées de Chopin et de Rachmaninov le disputait à celui de découvrir des pièces moins connues de Richard Strauss et d’Edvard Grieg. Mais la modestie du Bastringue seyait aussi pour écouter Elisabeth Lecoq interpréter Chopin dans une intimité qu’aurait appréciée le compositeur.

C’est aussi une forme d’intimité avec le public du THV (malgré la taille de la salle) qu’a su créer Stéphane Goldet, musicologue bien connue des auditeurs de France Musique, entourée du violoniste Lavard Skou-Larsen, de la violoncelliste Liina Leijala et du pianiste Philippe Raskin, pour expliquer pourquoi Vienne est un cas unique dans l’histoire de la musique. Ce « libre parcours », fruit du partenariat renouvelé entre Résonances, maitresse d’œuvre, le conservatoire Honegger et notre association, a convaincu le public qu’il fallait proposer une opération semblable la saison prochaine.

Notre agglomération ne dispose pas de salle appropriée pour l’opéra. A défaut, les amateurs de lyrique peuvent se consoler en assistant aux retransmissions en direct du Metropolitan Opera de New York au cinéma Gaumont. L’offre s’est enrichie cette saison grâce au cinéma le Studio qui a été choisi par l’opéra de Paris pour retransmettre six des opéras de sa saison. Ce mariage entre cinéma et opéra (captation et retransmission, mais aussi adaptation filmique) est d’ailleurs l’objet de la conférence d’Isidro Gomez au Studio ce 13 mai 2015. Il en avait été question aussi lors de notre grande conversation sur les nouvelles scènes le 17 mai 2014 dont l’un des invités était Benoit Petel, secrétaire général de l’opéra de Rouen. Justement pour les amateurs de lyrique qui ont besoin de la relation directe avec les chanteurs sur scène, l’opéra de Rouen, à une distance encore raisonnable du Havre, propose une programmation alléchante, solidement et ingénieusement composée autour d’un thème annuel, cette année les contes et légendes. Notre association, soucieuse de permettre à ses adhérents d’accéder à ce genre artistique, leur propose des places au tarif groupe et organise le covoiturage. En décembre, ce fut Hansel et Gretel d’Engelbert Humperdinck. Le 17 mai, c’est Lohengrin de Richard Wagner, l’excursion étant précédée la veille d’une présentation au musée d’art moderne André Malraux (MuMa) de cette oeuvre par Eric Douchin, professeur de philosophie grand amateur d’opéra.

Nous n’avons pas pu juger de la qualité d’Opéramania, production de l’opéra national de Russie en tournée mondiale, qui présentait le 10 février dernier aux Docks Océane, « les plus célèbres opéras et les « pas » des ballets classiques les plus représentés au monde accompagnés par un orchestre » (dixit l’affiche). Mais le programme très composite, les arguments tapageurs, le peu de précision sur les interprètes, les tarifs élevés, alors que l’acoustique et le confort des Docks se prêtent mieux aux spectacles à musique amplifiée et aux rencontres sportives, nous laissent sceptiques sur le rapport qualité/prix d’un tel spectacle.

S’ils souhaitaient un pot-pourri d’airs populaires, mais dans un rapport plus proche avec les chanteurs, les amateurs d’œuvres lyriques pouvaient venir le 21 mars au Petit théâtre du Havre : les Palétuviens et l’orchestre du conservatoire de Compiègne avaient monté une revue d’opérettes pour rendre hommage à Berjo et à sa compagnie Variétés. C’est aussi avec l’opérette, mais sous la forme de deux courtes œuvres de Jacques Offenbach, que la ville de Montivilliers avait choisi d’inaugurer la salle Michel Vallery, l’ancienne salle des fêtes reconstruite après l’incendie de 2011. Un quatuor de solides chanteurs et acteurs, mis en scène par Vincent Delaforge et entrainés au chant par Vincent Bénard (Seine en musique) se donnaient la réplique avec vivacité, accompagnés par l’orchestre André Messager de Montivilliers dirigé par Thierry Pélicant. Dommage que la soufflerie du chauffage soit si bruyante ! Décidément, il semble que le chauffage des salles de spectacle, même rénovées, pose problème, car celui du grand Volcan ne donne pas non plus satisfaction, car s’il est silencieux, il souffle du froid sur la scène !

Le public et les musiciens havrais n’auraient-ils de goût que pour une musique classique ayant au moins 150 ans d’âge ? Non, la vitalité de la musique classique s’est aussi exprimée au travers d’œuvres modernes : Honegger, Dutilleux, Ligeti au Volcan, le quatuor n°8 de Chostakovitch par le quatuor 3.XIII d’autant plus poignant qu’il fut joué dans l’espace intime de l’ARéCRé. Résonances nous révélait le bouleversant Viatore (2001) du letton Peteris Vasks. Chacun dans son répertoire, Connaissance de l’orgue et l’orchestre d’harmonie de la ville du Havre programmaient des œuvres de compositeurs actifs dans la seconde moitié du 20ème siècle ou encore vivants, jamais entendues au Havre. L’ensemble vocal Impressions créait même en avril dernier à l’église St Vincent, des œuvres de Tim Shell, Anthony Girard, Gérard Condé et Jean-Marie Gibellini, témoignages de la reconnaissance de ces compositeurs (venus au concert) pour l’excellence de cet ensemble.

Enfin le 14 juin à l’abbaye de Montivilliers, l’orchestre André Messager créera « 14 », fresque grandiose et émouvante de la grande guerre pour ténor, chœur d’enfants et orchestre sur un livret de Luis Porquet et une musique de Thierry Pélicant.

Parce que la musique est l’art par excellence qui permet d’entendre les passions de l’âme et du cœur et de provoquer les rencontres, abolissant ainsi siècles et frontières et nous rendant frères et sœurs de toute l’Humanité, nous plongerons fin juin dans les polyphonies médiévales grâce à la 10ème édition des Prieurales. Boccace nous y invite : venez, amants, à l’agréable fête ! (voir l’agenda sur notre site et prieurales.montaufray.com)

Eric Charnay, le 9 mai 2015

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