Velasquez enfin à Paris !

Diego Vélasquez (1599-1660) est l’un des artistes les plus illustres de l’histoire de l’art occidental et Les Ménines, qu’il a peint en 1656, l’un des quatre ou cinq tableaux universels qu’il est impossible de ne pas connaître.(…)

  • image: http://s1.lemde.fr/image/2015/03/25/238×267/4600691_6_eb7f_formellement-la-figure-en-mouvement-de-la_4c1d188870a5ab9380751c5a933c198f.jpg

    (…) Que soient à Paris la Vénus au miroir de la National Gallery de Londres – l’un des nus les plus commentés de toute la peinture – et le Portrait du pape Innocent X de la Galleria Doria Pamphili de Rome – qui pourrait bien être le chef-d’œuvre absolu dans le genre du portrait –, relève du haut fait. Le Prado ayant envoyé plusieurs portraits, l’énigmatique autoportrait et La Forge de Vulcain, grande composition mythologique, et l’Escurial ayant joint à cet envoi La Tunique de Joseph, autre grande composition parsemée d’étrangetés, on peut penser que l’on ne reverra pas de si tôt une réunion aussi nombreuse.(…)

Dans la Galleria Doria Pamphili, Innocent X est seul dans une salle, qu’il habite si intensément que l’on hésite presque à y pénétrer pour subir l’épreuve de son regard. Ici, il est environné de tableaux qui ont d’indiscutables rapports historiques avec lui, mais qui, pour ceux qui ne sont pas de Vélasquez(…)

L’exposition se veut une leçon d’histoire de l’art. Elle respecte l’ordre chronologique et fixe des repères : après la formation sévillane, l’intérêt pour la mode internationale du caravagisme, Caravage étant mort en 1610. Suivent la rencontre avec Rubens en 1628 et le premier voyage en Italie en 1630, avec étapes extrêmement instructives à Gênes, Venise et Rome. Puis des années d’intense travail pour Philippe IV et le prince héritier Baltasar Carlos et, conséquences immédiates, l’accumulation des commandes, des charges, des honneurs et de la fortune.

Le second voyage en Italie de 1649 à 1651, au cours duquel il peint Innocent X. Et d’autres commandes encore, la nomination aux fonctions de « grand maréchal du Palais » en 1652, l’ennoblissement comme hidalgo en 1659, un an avant de mourir. Tout ceci est clairement expliqué avec un luxe de précisions touchant au contexte politique, diplomatique, religieux – et familial puisque, de même que Vélasquez a épousé la fille de son « patron » Pacheco en 1618, Martinez del Mazo épouse la fille de Vélasquez en 1633, deux ans après être entré dans son atelier.

(…) Tout ceci est nécessaire mais, loin d’expliquer Vélasquez, le rend encore moins saisissable – et encore Les Fileuses et Les Ménines ne sont-elles pas là pour accroître la difficulté.(…)

Aucun précédent, aucune influence ne peut réduire l’énigme. Et pas davantage celle du visage brouillé de la Vénus. Et pas plus celle d’une Tête d’apôtre douée d’une expression grave et intense alors que, quand on la regarde de près, on s’aperçoit que les yeux ne sont pas peints : il n’y a que de l’ombre entre les paupières. Cette faculté prodigieuse d’inverser l’absence en présence et le noir en regard vivant, on ne voit que trois peintres qui l’atteignent : Picasso, Rembrandt et Vélasquez.

Velazquez, Grand Palais, Paris 8e. Du mercredi au samedi de 10 heures à 20 heures, dimanche et lundi de 10 heures à 22 heures. Entrée : de 9 euros à 13 euros. Jusqu’au 13 juillet. www.grandpalais.fr.

 Philippe DagenJournaliste au Monde

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