TRIMESTRIEL#26 EDITO

« 2022 sera-t-elle l’année de tous les dangers ? » Certains le craignent.
Les lieux culturels éprouvent une réelle difficulté à retrouver leurs niveaux de fréquentation d’avant la Covid-19, révèle une enquête réalisée en ligne auprès d’un échantillon représentatif de 3.025 personnes âgées de 18 ans et plus, début septembre 2021.
Sommes-nous tous fatigués et dépressifs ?
La Fondation Jean Jaurès et le Cevipof avec Le Monde et Ipsos-Sopra Steria ont sondé 16 228 Français : les sentiments dominants sont : l’incertitude (39 %), l’inquiétude (38 %) et la fatigue (37 %). L’espoir ne recueille que 25 %, la confiance 21 %, le bien-être (19 %), la sérénité (18 %), la révolte et la colère 14 % chacune.
Chercheur au CNRS, Henri Bergeron constate que les confinements ont sans doute profondément affecté le lien social, le rapport au travail, à la famille, au voisinage, aux amis, à l’espace urbain également. On pourrait ajouter : à la culture. Après avoir été contraints de nous réfugier dans notre sphère privée, nous serions asthéniques et méfiants.
Nous ne sommes pas, hélas, sortis de l’épidémie, tenace en raison de ses variants. Mais il est vrai que nous sommes confrontés à des crises multiples : politique, écologique, sociale, économique, morale – Les élections du printemps électrisent les tensions, et les nombreux sujets qui intéressent les citoyens semblent laissés de côté au profit de coups de menton et d’idéologies rances.
Le rôle de la culture n’est-il pas de faire société et civilisation ? De faire pièce à « l’imbécillité programmée » selon l’expression du linguiste Alain Rey ?
Mais qui parle culture aujourd’hui ? Quel candidat présente une « politique culturelle » ?
Dans sa chronique du Monde du 4 décembre, Michel Guerrin rappelle que, hélas, « la culture n’est jamais un sujet de propositions, elle est instrumentalisée. Elle n’est pas citée pour ce qu’elle dit mais au service d’un projet qui la dépasse. Elle sert un candidat sans que ce dernier la serve. » Et sachant que les politiques se jouent surtout au niveau local, la Cour des comptes enjoint à la Rue de Valois davantage d’expertise et de vision.
Ceci explique peut-être cela : si nos hommes politiques étaient convaincus du rôle essentiel de la culture, mais aussi sincèrement amateurs d’art, nous, spectateurs, moins « consommateurs » qu’acteurs, serions-nous peut-être joyeux ! Grâce à une authentique politique culturelle, il deviendrait lumineux de partager l’intelligence et la générosité des créateurs, et peut-être avec le plus grand nombre.
Comme à la sortie de L’île d’or, création collective d’Ariane Mnouchkine et du Théâtre du Soleil, notre « fatigue » s’évanouirait dans la jubilation de notre vie culturelle !
Isabelle Royer, présidente

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