Le Pas Grand Chose, de Johann Le Guillerm

Nous avons vu au Volcan le dernier spectacle de Johann Le Guillerm. Il nous avait habitués à des prouesses circassiennes. Le voici en conférencier, sérieux comme un pape, au discours d' »idiot » (prévient-il), voire de savant fou, infiniment déconcertant et souvent drôle !! Ces différents chantiers exigent sens mathématique, géométrique, esthétique : son cerveau est un spectacle interdisciplinaire à lui tout seul !  Science et art y sont réconciliés. Ces animations improbables d’objets divers sont inattendues. Il nous mène avec ténacité où il veut, jusqu’à cette machine miraculeusement mobile sur laquelle il s’éloigne, souverain…

La Terrasse publie le 27 mars 2017 – N° 252

Après quinze ans d’exploration muette des frontières du cirque, Johann Le Guillerm prend la parole dans une géniale « tentative pataphysique ludique ». Introduction à une pensée des plus singulières, la pièce invite à réinventer le monde à partir de presque rien. Et il le fait bien.

Très tôt, Johann Le Guillerm a montré les symptômes d’une « révolte de l’esprit ». Il a eu beau tenter de « mettre de l’ordre dans le chaos de ses sentiments », il n’est pas rentré dans le moule. Au contraire. (…) En ouverture du festival Spring au Cirque-Théâtre d’Elbeuf, l’événement était attendu. La parole de l’artiste allait-elle briser la magie de ses tableaux surréalistes ? Allait-elle plutôt la renforcer ? Connu pour la rareté de ses mots autant que pour le nombre et l’originalité des objets qu’il imagine, Johann Le Guillerm créait avec l’annonce de la création du Pas Grand Chose un suspense qui témoigne de la place qu’il occupe dans le paysage du cirque actuel. (…)

 Derrière une carriole-établi de son cru avec caméras, lampes articulées et tiroirs multiples, Johann Le Guillerm s’empare du genre bien connu de la conférence théâtrale.(…)C’est là le plus grand défi qu’il s’impose dans Le Pas Grand Chose. Il le relève en donnant à son exposé une forme aussi hybride que sa pensée. Un mélange d’expériences réalisées en direct, d’anecdotes et d’explications souvent labyrinthiques prononcées à mi-voix, dans le but de « créer de nouvelles alternatives en résistance radicale au prêt-à-penser ». Les initiés à l’univers de ce Sisyphe contemporain retrouvent certains de ses outils d’observation ou « imaginographes ». Calligraphies étranges, graphiques et objets forment avec ses mots un rhizome passionnant où chacun comprend ce qu’il veut. Loin de se contenter de donner les bases de ce qu’il appelle sa « science de l’idiot », Johann Le Guillerm invente un cirque mental où bananes et serpentinis – pâtes en forme de spirales – composent avec tous les autres signes utilisés un alphabet singulier. Dans Le Pas Grand Chose, le point ne marque pas la fin d’une histoire : il rebat les cartes d’Attraction et en ouvre un nouveau chapitre, tout aussi étonnant et poétique que les autres.

Anaïs Heluin

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