La lettre d’Elsa – Février 2019
quand vient l’avantage du court février Raymond Queneau (né le 21 février 1903)
En ce mois resserré, resserrons nos liens !
Blottis dans la douce chaleur de la bouquinerie, retrouvons la magie des contes.
Avec Danielle et l’association Tisseurs de rêves, nous crierons Au loup ! Avec l’association Autrement dire, nous continuerons d’explorer ce territoire de l’intime et de l’universel. Une façon peut-être d’apprivoiser nos peurs ? Qu’en pense Claire Durel, praticienne en psychothérapie ? C’est à cela qu’elle nous conviera.
Apprivoiser ses peurs, surmonter ses angoisses, c’est peut-être d’abord pouvoir en parler à qui sait écouter : la prévention du suicide passe par cette communication ; l’association SOS Amitié Le Havre nous en fera comprendre toute l’importance, sans nous en cacher les difficultés, grâce à un livre bouleversant et salutaire.
Ainsi nous lirons et partagerons nos lectures. Denis Brillet nous transportera dans son univers sur les lignes de son écriture. Annie Gros nous fera découvrir le dernier roman d’Agnès Desarthe ; toutes deux savent ce que lire veut dire !
Lire : faire l’expérience de soi, et avoir chance de mieux se connaître ; ce que permet la méditation de pleine conscience : l’association Enila nous initiera à cette pratique et nous en démontrera les bienfaits.
Méditer, rêver, entrer dans une autre dimension : franchir la barrière du temps, grâce aux richesses qu’elle nous offre elle-même quand elle se matérialise en laisse de mer : un prodigieux réservoir poétique de passeports pour tous horizons, pas vrai, Valérie de Mazancourt ?
Partir ! Sur les routes humides, comme disait Homère, cher à Éric Ardouin et aux participants de son atelier Aide humanités : en s’embarquant sur le vaisseau de l’association Navigatio, capitaine Philippe P. Brébant ; ou par des voies plus terrestres, bien que célestes aussi, ces chemins que connaissent bien les Amis de Saint Jacques et que leur association aime à faire découvrir.
Tout cela nous procurera de grandes joies, renforcera nos défenses naturelles contre la morosité, la première étant bien sûr le rire ; « Framboise » et Jean-Marie Moricot y ajouteront la poésie, qui fait voyager.
Savourons pour finir ce petit bijou :
Mon premier hiver scolaire fut un grand hiver, j’allais à l’école entre deux murs de neige plus hauts que moi… Qu’a-t-on fait de ces grands hivers d’autrefois, blancs, solides, durables, embellis de neige, de contes fantastiques, de sapins et de loups ? Après avoir été aussi réels que mon enfance, ils sont donc aussi perdus qu’elle ? Aussi perdus que la vieille Mlle Fanny, immatérielle institutrice fantôme, qui vivait de romans et de privations ? Parfois Mlle Fanny sortait de son rêve romanesque, et poussait un hennissement qui annonçait la leçon de lecture…
Cette année-là, nous apprîmes à lire dans le Nouveau Testament. Pourquoi le Nouveau Testament ? Parce qu’il se trouvait là, je pense. Et la vieille demoiselle fantôme institutrice scandait, à coups de règle sur son pupitre, le rythme des syllabes sacrées, psalmodiées en chœur : « En ! – ce ! – temps ! – là ! – Jé ! – sus ! – dit ! – à ! – ses ! – dis ! – ci ! – ples !… » Parfois une élève-bébé, qui s’était assise sur sa chaufferette pour se réchauffer, poussait un cri aigu, parce qu’elle venait de brûler son petit derrière. Ou bien une colonne de fumée montait d’une chaufferette, propageant l’odeur d’une châtaigne, d’une pomme de terre, d’une poire d’hiver, que l’une de nous essayait de cuire dans la chaufferette…
Tout autour de nous, c’était l’hiver, un silence troublé de corbeaux, de vent miaulant, de sabots sabotant, l’hiver et la ceinture des bois autour du village… Rien d’autre. Rien de plus. Une humble, une rustique image… (Colette, Journal à rebours, 1941.)
Un excellent mois de février, amies et amis ! Merci de votre engagement pour prouver que la connaissance rassemble et apaise et faire vivre le rêve de Khamsa : une culture de qualité pour tous !
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