OBSERVATOIRE DES POLITIQUES CULTURELLES – Les festivals dans la tempête

« Au moins, il n’est plus nécessaire d’administrer la preuve de l’impact économique des activités culturelles » note Jean-Pierre Saez dans l’édito de notre dossier. François Lajuzan, DG culture à Toulouse, le souligne : la crise révèle au grand jour la place que la culture occupe « dans tous les secteurs de l’action publique de par son impact sur l’attractivité du territoire, l’économie locale, l’emploi… ».

Bernard Faivre d’Arcier éclaire le lecteur sur la situation actuelle, au regard de la crise de 2003. Si cette année-là, la décision d’annuler Avignon avait été prise « au cœur d’une multitude de discussions, controverses et manifestations (…) en 2020, les festivals meurent dans la discrétion, voire la solitude. » Emmanuel Négrier précise dans un article pour l’Observatoire que « Ce sont les festivals qui dépendent le plus des ressources propres qui sont impactés davantage. »

Paul Fournier, président de France Festivals, mesure combien l’existence des festivals engage la responsabilité de tous : État, collectivités, festivals, mécènes, publics, chacun aura un rôle à jouer dans la pérennité de ces évènements.

Le terme « service public » revient dans plusieurs papiers dont celui de Paul Rondin qui appelle à « Consolider (…) ces missions d’intérêt général non solubles dans l’activité lucrative, ces services publics dont on a tant besoin ».

Maria-Carmela Mini, directrice du festival Latitudes Contemporaines à Lille, dépeint la situation comme une équation inconnue avec laquelle il va falloir accepter de se perdre pour inventer autre chose. Pour Jean-Michel Le Boulanger il faudra ralentir le temps et repousser les tyrannies de l’urgence.

Benoît Thiebergien, directeur du festival Détours de Babel à Grenoble, esquisse les contours de demain : « Le monde culturel va devoir changer ses habitudes (…). Sortir de ses postures, de ses itinéraires balisés, de ses vieilles querelles public/privé, et participer à la solidarité collective du « jour d’après » ». Barbara Métais-Chastatier, dans un article de Libération, intitulé « La culture comme pétrole » de juillet 2019, invitait déjà la culture à penser au monde d’après : Les tutelles ne devraient-elles pas sortir des valeurs et critères qui valorisent diffusion internationale, multiplication des objets culturels, amplitudes des programmations, des jauges ou des tournées ?

Si de nombreux organisateurs ont choisi l’annulation, d’autres cherchent à proposer une programmation modifiée en utilisant différents media : site internet, réseaux sociaux, audiovisuel, réalité virtuelle…

Certains se sont déjà réinventés sur la toile comme par exemple le Festival de BD d’Aix. L’International Documentary Film Festival Amsterdam, un des plus grands festivals de films documentaires a déposé en accès libre sur internet plus de 300 films de sa collection.

Le Printemps de Bourges a lancé « un Printemps imaginaire ». Le Festival de Cannes proposera une version virtuelle du Marché du film à destination des professionnels et réfléchit aux nouvelles formes possibles (Label, partenariat avec le Festival de Venise…). Le Festival d’Avignon travaille sur un programme audiovisuel et numérique « En rêvant du Festival d’Avignon » notamment avec France Culture, France Télévisions et Festival-Expériences en juillet 2020.

La société VRrOOm a développé différents outils de réalité virtuelle et certains festivals étudient la possibilité de porter une partie de la programmation sur leurs plateformes, avec comme enjeu de rendre ces nouveaux outils accessibles au plus grand nombre.

D’autres réfléchissent à des reports ou formats différents. Hacène Lekadir, adjoint à la culture de la Ville de Metz, décrit la stratégie de report du Festival Constellations 2020 de Metz. Le Festival des Suds à Arles étudie différentes possibilités. Le Festival Montpellier Danse a imaginé un nouveau scénario et a reporté sa programmation d’été à l’automne, un travail mené en collaboration avec les salles montpelliéraines qui ont modifié leur programmation pour accueillir des représentations du festival. Pour Pierre Beyfette, président d’AF&C, association qui chapeaute le Off d’Avignon, l’annulation du Festival peut être l’opportunité de se repenser et de questionner les limites du modèle de dérégulation.

L’Association des Festivals Européens fera porter le thème de sa rencontre annuelle sur l’espoir. Elle aura lieu du 23 au 25 novembre prochains à Galway, capitale européenne de la Culture. De nombreuses coopérations se mettent en place actuellement entre festivals, de nouvelles formes émergent. Ce temps sera l’occasion d’étudier le pouvoir de renouvellement des festivals, des coopérations, des ressources pour être opérationnel, de l’après…

 
 
 
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 

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