La mission Culture perd 2,4 % de son budget 2025
Après avoir annulé 200 millions d’euros du budget de la mission Culture en 2024, l’État vient d’en supprimer 94 millions pour 2025. Il explique cette décision par des prévisions de croissance revues à la baisse (0,7 % au lieu de 0,9 %) et le contexte géopolitique.
Dans Telerama :
Rachida Dati, entre petits mensonges et grandes approximations sur le budget de la Culture.
“Il n’y a pas eu de baisse sur le budget 2025. Il y a eu une hausse.”
FAUX. Le budget de la culture est en baisse en 2025 pour la première fois depuis dix ans. Il s’élève globalement (crédits du ministère + audiovisuel public) à 8,587 milliards d’euros contre 8,668 milliards effectivement dépensés en 2024, soit une baisse de 81 millions d’euros. Et encore la soustraction est plus importante si on se réfère au budget initial adopté en 2024, qui avait ensuite été raboté en cours d’année de 204 millions par le gouvernement de Gabriel Attal.
Rachida Dati a raison de dire que les crédits consacrés à la création (1,044 milliard d’euros) ne baissent pas. C’est le cas aussi de ceux affectés au patrimoine (1,251) qui augmentent même de 57 millions d’euros, mais pas de 300 millions comme elle l’affirme sans sourciller. En revanche, les crédits consacrés à la transmission des savoirs et la démocratisation culturelle (760 millions) sont en baisse de 64 millions, notamment en raison d’une diminution des crédits du pass Culture de 40 millions. Quant à l’audiovisuel public, il sombre avec une chute de plus de 100 millions d’euros.
Le ministère de la Culture n’a pas fait l’objet d’une nouvelle coupe de 110 millions d’euros, selon la ministre.
FAUX. Comme nous l’écrivions il y a une semaine, un décret paru au Journal officiel le 25 avril annule près de 5,7 milliards d’euros de crédits dans le budget de l’État. La culture y laisse une fois de plus des plumes : 114 millions d’euros, dont 47 millions pour le spectacle vivant et les arts visuels, 41 pour le patrimoine ou encore 10 pour le livre.
France culture :
Emmanuel Wallon, professeur de sociologie politique :
« La culture est remise en question au même titre que d’autres politiques publiques pour la jeunesse, pour l’éducation populaire. Donc oui, la culture est sur la sellette. (…) Ce budget a augmenté dans les dernières années de manière relativement régulière depuis les coupes et les gels qui étaient survenus en 2014.
On a donc vu une sorte de rattrapage, mais cela ne suffit pas du tout à faire face à la fois à l’augmentation des besoins qui s’exprime dans la vie culturelle (l’éducation artistique des jeunes en milieu scolaire, le développement d’une action plus en profondeur dans la décentralisation) et face à l’augmentation irréversible des coûts, aussi bien pour l’entretien du patrimoine que pour la production et la diffusion du spectacle vivant. L’inflation est une chose, elle a été importante ces deux dernières années, mais il y a aussi une augmentation structurelle des coûts qui n’est pas compensée par ces très légères augmentations budgétaires. »
Joris Mathieu, coprésident du SYNDEAC :
« Aujourd’hui, les institutions n’ont absolument plus aucune marge d’adaptation pour préserver les missions qui leur sont confiées par les financeurs publics. On se retrouve désormais dans une situation où nous n’allons plus être en capacité de gérer les effets des décisions de coupes budgétaires. (…)
Notre financement nous permet à peine de traiter nos missions essentielles qui sont de soutenir la création et de faciliter l’accès à la culture. Pour que les gens comprennent bien, les montants des coupes annoncées cumulées à celles des collectivités et de l’État sont telles qu’il va falloir un jour choisir s’il faudra supprimer ou non des lieux culturels en France, car les financeurs publics n’ont plus les ambitions en termes de moyens économiques pour soutenir tout ce qui existe. »
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