Faire son nid

Vous les enviez aujourd’hui, les oiseaux ?
Tout d’un coup, ils deviennent l’expression parfaite de la liberté, ils volent d’un arbre à l’autre, d’un toit à un fil électrique. Et ils chantent…
De ma fenêtre, je me dis qu’après tout, ils ont peut-être tout simplement la bougeotte. Tant d’entre nous se sont plaints d’une vie faite d’obligations, d’agitations, de parcours incessants. Comme le lapin d’Alice au pays des merveilles, qui montre en main surgit à tout instant en disant : « Je vais être en retard ! ». Aujourd’hui, on se pose. Ce qui me fait penser à Robinson Crusoë. Quand il arrive sur l’île déserte, il est désespéré, mais petit à petit, il finit par se sentir heureux et libre, je dirais même libéré. Quand il a commencé à écrire son journal, Robinson seul, abandonné, était en grande détresse. Voici ce qu’on peut lire page 64 de l’édition de 1850 :
« Le 30 septembre de l’an 1659, après avoir fait naufrage durant une horrible tempête qui, depuis plusieurs jours emportait le bâtiment hors de sa route, moi, malheureux ROBINSON CRUSOË, seul échappé de tout l’équipage, que je vis périr devant mes yeux, étant plus mort que vif, je pris terre dans cette île, que j’ai cru pouvoir, à juste titre, appeler l’île du désespoir. »
Cependant, page 99, tout a changé :
«  Je reconnus alors, plus sensiblement que je n’avais encore fait, que la vie que je menais était moins déplorable que celle que j’avais menée pendant le cours de mes désordres. Mes chagrins et ma joie commençaient à changer d’objets ; je concevais d’autres désirs et d’autres affections : je faisais mes délices de choses toutes nouvelles et différentes de celles qui m’auraient charmé au commencement de mon séjour dans l’île, pour ne pas dire depuis tout le temps que j’y étais. »

La preuve semble faite, par Robinson, le symbole de la solitude au monde, qu’on peut être isolé et trouver, au bout du compte, une certaine sérénité, un apaisement inattendu, bienvenu.

Les uns fuient la solitude, d’autres la recherchent, la provoquent. Mais en l’aménageant. Dans son livre Un nid pour quoi faire ? Olivier Cadiot écrit une sorte de conte où un roi, de nos jours, décide de quitter son magnifique château et d’emmener sa famille et sa cour dans un chalet isolé en Suisse. Cependant il s’aperçoit assez vite qu’il manque quelque chose dans sa nouvelle organisation et qu’il a besoin de quelqu’un qui soit capable de moderniser les apparats de sa monarchie. Ce roi en retrait et en exil volontaire, le trouvera en la personne d’un individu dont le cerveau fabrique mille idées à la seconde, et qu’il engage comme conseiller. Il s’appelle Robinson.

«  …un job ultra payé, une cour royale en exil, il faut intervenir, il faut revoir l’image, ils sont en perte de vitesse, redessiner un logo, décoration intérieure, il faut tout refaire, c’est assez confus mais c’est relié vaguement au sport … »

Dans notre retraite involontaire, notre chalet suisse a peut-être lui aussi besoin d’aménagements, qui sait ? A réfléchir.

 

article extrait de « 10mn chronique » Viva culture, du 22 mars sur ouest track radio en podcast

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