Haruki Murakami, l’enchanteur 10mn chronique, sur Ouest Track radio, dans Viva Culture, une émission de la MCH.

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Haruki Murakami est un écrivain japonais, né en 1949. Dans les années 70, il ouvre un bar de jazz à Tokyo et en 78, il décide d’écrire un roman qu’il intitule : « Ecoute le chant du vent ». Il fait bien parce que c’est un succès et que depuis il n’a pas cessé d’écrire.

Haruki Murakami est une sorte d’enchanteur, mélancolique et troublant. Son écriture a le don de nous enchaîner à son récit, même quand on ne comprend pas où il mène son lecteur. A quoi tient que ses histoires nous attachent sans retour ? (Les trois livres de 19Q4, totalisent mille six cents pages, en édition de poche. Mille six cents pages de petits caractères !) Peut-être parce que, pour commencer, il nous prend au piège de la normalité. Rien de la vie quotidienne de ses personnages ne nous est caché. Ils choisissent leurs vêtements, arrosent leurs plantes, ils font la vaisselle, prennent des douches. Nous savons ce que chacun prépare dans sa cuisine et quelle bière il prend dans le frigo… Les petits détails triviaux de ce qui fait notre propre existence jalonnent les récits de Haruki Murakami. Et alors que se déroule une sorte de train-train, quelque chose d’une invraisemblable invraisemblance constitue progressivement la narration. C’est ce mélange de fantastique et de quotidien qui réussit, sur des centaines de pages, à nous capturer. L’étrange, le bizarre, semblent si proches de notre propre existence, que nous, lecteurs, sommes happés par un monde qui ressemble au nôtre. Mais pas tout à fait. Et c’est ce « pas tout à fait » qui nous captive.

Le thème récurent des romans de Murakami est le passage de notre monde dans un autre, où, à la fois la ressemblance et l’étrangeté des lieux constituent un trouble et une interrogation constante. 
Voici ce que dit un personnage de  La fin des temps, paru en 1985 :
Je m’éveillai dans un lit au parfum nostalgique. Mon lit. Ma chambre. Tout me semblait pourtant légèrement changé, comme un paysage que j’aurais recréé en fonction de mes souvenirs.

Le passage d’ici à un ailleurs se fait d’une manière furtive, insaisissable : au cours d’une excursion, d’une promenade en forêt, ou bien en descendant un escalier. Imperceptiblement, les situations, les objets, deviennent étrangers tout en gardant les aspects de la réalité. Trop normaux pour faire partie d’un rêve, trop décalés pour qu’à la longue on ne remarque pas que quelque chose n’est plus à sa place et que ce quelque chose pourrait être nous-même.

Il ne faut pas se laisser abuser par les apparences. Il n’y a toujours qu’une réalité, dit le chauffeur de taxi, dans 19Q4. Certes, mais de quel côté se situe-t-elle ? Nous, lecteur, nous doutons bien que nous n’aurons pas de réponse. Nous restons prisonniers de cette interrogation : de quel côté est le vrai monde de Haruki Murakami ?

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Vases communicants MCH/Ouest Track Radio :
 Pour ceux qui ont écouté, le dimanche 17 septembre, à 11 heures, sur #Ouest Track Radio (95.9),  10 mn Chronique!  dans l’émission Viva Culture ! vous avez entendu des extraits de :  Sinfonietta, Leos Janacek ; Five spot after dark, Curtis Fuller.

Un recueil de nouvelles de Haruki Murakami, vient de paraître, il a pour titre :  Des hommes sans femmes,  aux éditions Belfond.

Comments

  • By Véronique Garrigou - on

    Moi qui suis la plupart du temps assez imperméable à la littérature asiatique, complètement imperméable à la science fiction, j’adore les romans de Murakami et à chaque fois je me laisse embarquer, sans très bien comprendre pourquoi mais avec grand plaisir. Mon livre préféré reste « Kafka sur le rivage », le premier de Murakami que j’ai lu. Véronique Garrigou

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