Contre l’extrême-droite : notre héritage nous oblige
Chers adhérents, chers amis,
Les prochaines élections législatives, aussi inattendues et précipitées soient-elles, nous donnent l’occasion de réaffirmer nos valeurs.
En effet, nous revendiquons être une association de « spectateurs actifs et passionnés» aux côtés des professionnels, des artistes et des politiques, engagés dans une longue marche de l’esprit vers la culture partagée selon les mots de notre fondateur André Malraux, alors ministre des affaires culturelles.
C’est pourquoi nous ne pouvons pas cautionner des propositions défavorables à la création, à la liberté et au partage, que nous lisons dans le programme et les pratiques de l’extrême droite, ni faire en sorte que ce parti accède au pouvoir en France.
Les mesures observées dans les villes acquises au RN et les politiques menées dans des pays où des mouvements cousins sont au gouvernement comme en Italie, en Hongrie, en Argentine, sont inquiétantes et dangereuses.
Jugez-en !
- Privatisation des médias publics.
- Suppression du ministère de la culture.
- Réorganisation des financements publics aux acteurs culturels sur fond de clientélisme. Reprise en main des théâtres, opéras, orchestres.
- Menaces sur le régime spécifique d’indemnisation des intermittents du spectacle.
- Valorisation du seul patrimoine.
- Méfiance à l’égard de la création.
- Contrôle des livres en bibliothèque.
- Rejet des pratiques artistiques issues des jeunes des quartiers populaires considérées comme de la « contre-culture ».
- Réinterprétation ou négation de certains faits historiques, instrumentalisation de l’Histoire…
- Destruction des droits sociaux élémentaires, notamment ceux en faveur des populations fragiles et immigrées.
- Remise en cause des libertés syndicales et associatives.
Si nous ravivons nos souvenirs, nous affirmons que tout ceci condamne à plus ou moins long terme tout ce en quoi nous croyons.
En effet, notre association est l’héritière d’une longue histoire : celle de la démocratisation de la culture. C’est une utopie peut-être, une ambition sûrement.
Puisant dans l’effervescence du Front populaire, puis dans les politiques menées sous la IVème République, la création en 1959 du ministère des « Affaires culturelles » donne à l’Etat la responsabilité d’une politique culturelle nationale.
Le rêve d’André Malraux est de rendre les œuvres accessibles au plus grand nombre possible. Il veut la concrétiser en constituant un réseau de maisons de la culture dont la fondation au Havre en 1961 de notre association est la première pierre…
Parallèlement, Jean Vilar a l’ambition d’un théâtre pour tous, Antoine Vitez d’un théâtre élitaire pour tous. On se bat pour un théâtre de qualité et son enracinement populaire.
Devons-nous renoncer à la recherche d’un théâtre citoyen, nous qui refusons l’élitisme comme le populisme ?
L’histoire de la Maison de la culture est celle d’une conquête. Elle est le fruit d’un lent travail.
Nous ne voulons pas détruire, selon les mots de Tiago Rodriguez, directeur du festival d’Avignon, quatre-vingts ans de démocratisation de l’accès à la culture, de rapport à l’éducation nationale, à la jeunesse, au champ social qui sont exemplaires, et tout cela dans un contexte de diversité culturelle, d’ouverture au monde.
Amicalement à tous,
Le conseil d’administration de la Maison de la culture du Havre
Isabelle Royer, présidente, Eric Charnay, vice-président & trésorier, Jean-Louis Désormière, secrétaire, Sabine Grandguillot, secrétaire adjointe, Mathieu Amans, Sylvie Barot, Damien Charron, Véronique Daumont, Catherine Désormière, Annie Drogou, Didier Guilliomet, Christine Willemin.
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