Cœur cousu ou le monde couturé de Carole François.

Depuis le 9 décembre, se tient à la Galerie Production autre, l’exposition «Happy end of the year ». Pour cet événement, Stéphane Talbot a choisi de mettre en avant, selon ses propos : « des plasticiens de caractère ». Parmi eux, Carole François a installé ses créations, dispersées dans l’espace de la galerie, chacune immédiatement reconnaissable.

Carole François, assemble, lie, rapièce, suture des lambeaux d’étoffes, les festonne et les ravaude. Elle leur donne des formes qui sont autant de déformations, pour en faire ses monstres.
On peut penser, dans un premier regard, à certains travaux d’Annette Messager, de Niki de Saint Phalle et de Louise Bourgeois, dans ce qui fourmille de provocation, de révolte et aussi d’humour.
Carole François dissèque des corps imaginaires pour en extraire des formes mutantes, elle fabrique des corps démantelés, parfois incomplets, et réorganisés selon un ordre qui produit un message. Ces créatures n’ont pas figure humaine, elles sont des signes, des apostrophes. Elles symbolisent à la fois l’irreprésentable de la pensée et l’efficience de l’émotion.

 

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Ces mises en pièces qui renvoient à ce qui nous constitue, à notre propre image et à nos interrogations, ne sont pas séduisantes, comme ne l’est pas davantage l’image du corps à travers l’art des XXè et XXIè siècles : corps monstrueux, souffrants, hybrides, expressions du conflit intérieur, envers du corps glorieux célébré dans la publicité et les magazines féminins.
Dès l’entrée dans la galerie, le regard ne peut éviter, juste en face, une installation, sorte d’anatomie foutraque et foisonnante où les viscères se mélangent, dents et cœur voisins, imbriqués les uns dans les autres, auxquels s’ajoute une sorte de fœtus, l’ensemble surmonté d’une tête mi-chat mi-diable et le tout encadré par une guirlande lumineuse. Un message l’accompagne brodé sur le côté : « Bon appétit ».
Plus loin, dans ce parcours, d’autres figures chaotiques apparaissent : pour l’une réduite à un sexe féminin et à un visage à la bouche rouge ouverte, ou bien une autre, tête cornue posée sur un amas d’organes répandus à terre à côté d’une vignette brodée où apparaît la question : « Vers quoi allons-nous ainsi ? » …
Chacun de ces objets a reçu comme la réparation maladroite à une souffrance, comme s’il y avait une impossibilité à restaurer ce qui blesse, sauf à raccommoder, se pencher sur un tourment dans un geste patient, méticuleux, pour pouvoir montrer ce qu’il advient, ici ou là, sans consolation autre que de s’en être emparé, en avoir fait quelque chose, une révolte.

C. Désormière

Galerie Production autre
22 rue Fontenoy
Jusqu’au 15 janvier

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