Trois ans que le Volcan est devenu un établissement public.
Et que notre association se relève de cette rupture : colère, amertume, découragement…
Mais, cette année, notre rôle s’éclaire.

En raison de 2 facteurs :

  • Notre expérience à la maison de la culture où, conformément aux volontés de Malraux, nous avons siégé aux côtés des tutelles : nous étions représentants élus des publics, nous le sommes toujours.
    Au conseil d’administration de l’EPCC grâce à la médiation de l’Etat.
    Et en tant que spectateurs motivés et fidèles du Volcan.

  • Des particularités de notre époque nous incitent à travailler toujours dans le sens de la « culture partagée », mise en œuvre en 1961.  C’est pourquoi nous inventons, en travaillant, notre rôle de spectateurs actifs, indépendants, mais partie prenante du Volcan en tant que membre associé.

En 2008 j’évoquais la lucidité et le volontarisme qui nous animaient. En cette fin de saison, je parlerai de travail et d’espoir.
En effet, au fil de notre réflexion et de notre action, nous avons compris que notre rôle, axé sur notre identité et notre expérience, était essentiel en ce 21ème siècle.

Le contexte national

En tant que militants culturels, nous avons été marqués cette année par plusieurs points, en France et en Europe. Je vais surtout exprimer nos inquiétudes, bien que, à mon avis, des éléments positifs se soient dessinés.

Nous sommes préoccupés par la situation économique et politique qui altère la vie culturelle. Par exemple, la crise qui perdure, génératrice d’inégalités croissantes, de chômage, de précarité, en particulier pour les jeunes, de conditions de vie dégradées pour beaucoup de nos concitoyens, de la part grandissante du logement dans les budgets, cette crise a relégué souvent les dépenses culturelles des ménages dans le « superflu ».

De même, nous pointons avec inquiétude, depuis plusieurs années, des évolutions dangereuses de nos sociétés : la consommation érigée en art de vivre, la valorisation des pulsions, l’influence aveugle des médias, la méfiance affichée pour la pluralité des opinions et plus généralement l’activité intellectuelle, la réduction du temps libre en récréation…

Enfin, aux dernières élections, la montée du Front national nous a ramenés en novembre 2002, lors de notre Forum « La culture, au fond, qu’est-ce que c’est ? » avec Maryse Souchard, auteur de « Liberté ! Egalité ! Imaginez ! La culture est un combat. » Cette propagation des idées du FN est sans doute l’un des symptômes les plus visibles et les plus graves des malaises de notre société.

Nous continuons à regretter la perte de pouvoir du Ministère de la culture, dont nous attendons la définition d’une politique culturelle nationale ambitieuse, nous avons dénoncé la baisse des subventions au spectacle vivant, la soumission de la création artistique à des contraintes de pénurie et de gestion à court terme, la hausse de la TVA.

Le rôle de notre association

Dans ce contexte national, nous nous revendiquons comme spectateurs actifs, persuadés que la culture est une affaire de passion, et de partage, notamment entre générations, pratiquants d’expériences communes autour de la culture, et constructeurs de liens.
C’est mettre les pas dans ceux de nos prédécesseurs que de ne céder ni à l’accablement ni au fatalisme. Au contraire !
Nous inventons pour notre association de nouveaux champs d’action.

Ainsi, depuis 2009, notre association définit son rôle pas à pas au sein de l’EPCC en tant que membre associé, et son action dans la ville.

Comment ?
Nous avons organisé le colloque Culture et démocratie, à l’occasion du cinquantenaire de la MCH,
le 7 janvier 2012.
Il a été possible grâce à des collaborations précieuses : les historiens Serge Reneau et MP Dhaille, le directeur de la revue Cassandre, Nicolas Romeas ; la Ville du Havre pour son soutien matériel avec le THV et son équipe ; l’IUT et son master de Médiation culturelle, de D. Sansy, pour la communication ; le journaliste Jean Lebrun de France Inter, animateur indispensable de cette journée…
Vous comprenez que notre philosophie est de travailler en partenariat, en synergie avec les compétences des uns et des autres.

Ce colloque, que 200 à 400 personnes ont suivi, nous a rappelé les fondamentaux de notre histoire, et l’évolution de la vie culturelle du Havre pendant 50 ans.
Historiens et acteurs de la construction de la maison de la culture ont montré, avec talent, les idéaux originels de cette aventure – décentralisation, démocratisation -, les obstacles et les difficultés, le travail mis en œuvre. « Rien n’est garanti, tout est risqué » a cité l’un d’eux.
Beaucoup ont évoqué la réussite de cette aventure, sa richesse et sa diversité. La MCH, lieu d’innovation et de débats. On peut affirmer que rien, depuis, au Havre, n’a été comme avant ! Notre équipe s’est appuyée sur les compétences respectives de ses membres pour développer son action.
Bilan de nos projets, et orientations pour notre avenir, sont l’objet de ce rapport.
Je voudrais vous donner aussi des nouvelles des administrateurs engagés dans des actions personnelles.

Avec Miche Joste, nous alimentons quotidiennement notre site :
présentation des spectacles du Volcan, des conférences de l’université populaire, mais aussi d’autres évènements culturels du Havre et de sa région, voire de plus loin.

Nous soutenons beaucoup d’acteurs et d’initiatives culturelles, par exemple, Le Satellite Brindeau, le Théâtre des Bains-Douches, le Bastringue, Résonances, le Phare, Piednu, Mumabox, La Lice, le Jupo, le CEM, le Cercle des artistes havrais…
N’hésitez pas à nous envoyer vos informations. Le bilan de notre site à ce jour est encourageant : au mois de mai par exemple, 2325 visites. Je vous signale également notre page Facebook qui permet à un nombre de visiteurs plus nombreux de nous suivre, notamment des jeunes, avec qui nous sommes en contact, à Sciences Po, à la Maison de l’étudiant, à l’IUT…
Nous partageons aussi, autant que possible, des informations sur la politique culturelle, des analyses de penseurs de la culture, des comptes-rendus de colloques (Les Journées de la Scène sur les publics, le Forum Télérama sur Nos enfants et la culture…)…
En tant que publics et citoyens, nous nous enrichissons de la réflexion éclairée de tous ceux qui travaillent sur les problématiques de la culture partagée.

Grâce à ces supports, nous faisons entendre notre parole de spectateurs : nous ne vendons rien, mais nous militons inlassablement pour soutenir créateurs et professionnels.

Clairelise Chobelet anime un groupe de travail sur l’Identité visuelle de notre association. Nous éditons une première carte postale invitant à adhérer : « La culture ? N’en faites pas de salades ! », clin d’œil humoristique à l’accessibilité de la culture. Nous déclinerons ces cartes au cours de la saison prochaine, afin d’accroître le nombre de nos adhérents.
De son côté, Clairelise a organisé une grande exposition à l’Abbaye de Montivilliers, puis à la Galerie du Parc à Notre Dame de Gravenchon.

Avec Sylvie Barot, nous travaillons à la publication des interventions au colloque Culture et démocratie, avec l’aide d’Eric Saunier, pour les éditions les PURH, et Antoine Fiszlewitz.
A la suite du colloque Culture et démocratie, nous projetons d’organiser une série de conférences sur la même thématique, avec divers partenaires. Sylvie a participé à la rédaction du Dictionnaire des gens de couleur dans la France moderne, et de Figures d’esclaves : présences, paroles, représentations, avec Eric Saunier.
Jennifer Burford et Ghislaine Chastanet ont préparé avec les photographes Elisabeth Delestre et Pierre Riou, le montage de photos : « 50 ans de créations, 50 ans d’émotion ». Nous cherchons à le pérenniser dans un catalogue pour tous.
Ghislaine anime toujours fidèlement le Festival de Théâtre amateur en Normandie.

Georges Vérin et Jocelyn Brudey ont réalisé les entretiens avec les deux premiers artistes, Yvan Duruz et Clairelise Chobelet, autour de la création. Ils nous les ont projetés au satellite Brindeau en partenariat le 18 novembre 2011. Ces films seront finalisés et complétés par 5 autres.

Par ailleurs, Georges Vérin, réalisateur et auteur dramatique, vient de terminer un film sur la guerre d’Algérie pour Fr3, « Daniel-Ali instituteurs révoltés en terre d’Algérie ».
Jocelyn Brudey, comédien et metteur en scène, a organisé des tournées avec ses spectacles Hape et Cale, Rodrigo, et Yadi la revenante, qui ira au Festival d’Aurillac. Il lance en 2012, avec d’autres artistes, un Festival annuel intitulé « Autres regards ».

Notre association et plusieurs d’entre vous ont adhéré aux Amis du Studio et aux Amis du Sirius : la vie des deux lieux complémentaires nous paraît indispensable, et nous y veillerons autant que possible.
Le Pôle Art et essai est installé momentanément aux Clubs avenue Foch : allez-y !
Que tous ceux qui ont regretté et regrettent encore l’Eden fréquentent nos deux cinémas préférés ! Les habitants du Havre seraient-ils moins cinéphiles que dans d’autres villes ?
Nous soutenons avec constance le Festival Du grain à démoudre qui attire de plus en plus de cinéphiles en novembre à Gonfreville l’Orcher.
Michel Joste joue un rôle important d’analyste et de rédacteur dans ces associations que nous soutenons.

Eric Charnay vous présentera les comptes. Il nous représente au Festival d’Avignon Il siège à la commission nationale « activités culturelles » de la Caisse centrale d’activités sociales du personnel des industries électriques et gazières.

Nos relations avec le Volcan

Je voudrais aussi faire le point sur nos réactions de spectateurs du Volcan, laissant à JF. Driant la responsabilité de parler pour la Scène Nationale.
Le déménagement à la Gare maritime révèle des atouts : la beauté du lieu le long du bassin, et celle du hall historique. La proximité entre les artistes et le public.
La convivialité du bar restaurant, après ou avant spectacle. On peut s’y adresser librement et de manière sympathique, si on le désire, à un artiste ou à un membre de l’équipe professionnelle.

Des faiblesses aussi : le problème des transports, notamment pour les plus jeunes. Nous aimerions participer à sa solution grâce à la mise en place d’un covoiturage.
Quelques difficultés du hors-les-murs. L’abandon de certains publics. Beaucoup regrettent la perte des Pass, surtout en cette période de crise – Il faut dire que les Pass avaient l’avantage de faire découvrir des spectacles à des abonnés qui, de leur propre aveu, ne les auraient pas choisis.
Ceci me semble une indication forte sur notre fonctionnement de spectateurs (on privilégie « ce que nous connaissons ») et sur la politique de l’offre (on peut élargir les publics).

La saison nous a offert des moments forts, principalement en théâtre : Hermanis, Handke, Djemaï, Didym, Erdman, Fleisser, Beckett. ..
En danse et en cirque : Bory, Platel,Teshigawara, Julie Nioche, Zimmerman, David Dimitri…
Vous avez sûrement aussi en tête des concerts qui vous ont ravis… Nous avons adhéré aux Amis des Dissonances de David Grimal dans cette période financière difficile.

Qu’en est-il de nos relations avec le Volcan ?
Nous distinguons dorénavant, fermement, la vie de notre association et celle de la scène nationale.
Bien sûr, nos buts convergent avec ceux des professionnels : c’est pourquoi nous siégeons au conseil d’administration de l’EPCC.
Nous incitons des Havrais à fréquenter le Volcan. La raison en est que nous voulons partager avec d’autres les moments heureux des spectacles. Notre parole complète la prescription des professionnels. Je l’ai bien vu au Forum des associations de l’IUT : les étudiants voyaient « notre plaisir » de fréquenter le Volcan, et ce plaisir peut être contagieux… Dans ce contexte, nos rapports avec le directeur paraissent bons. Nous lui avons, d’ailleurs, renouvelé notre confiance, pour cette période « hors les murs », lors du dernier CA qui évoquait la fin de son mandat. Mais nous ne comprenons pas l’hostilité durable de certains.

Il nous semble, en tous cas, que notre présence au conseil d’administration de la Scène nationale atteste de la continuité entre son histoire et son avenir. Si elle est originale en France, elle permet effectivement le dialogue entre les professionnels, les financeurs et les représentants des publics : preuve qu’A. Malraux est encore vivant !
En conclusion, vous pouvez mesurer le travail accompli par notre association.
Pour nous, la culture est un indicateur du « vivre-mieux » calculé par l’OCDE pour mesurer la croissance d’une société.
C’est pourquoi, nous exprimons au nouveau gouvernement, notre soutien de spectateurs aux revendications des professionnels de la culture, et notre espoir de voir reconnue la culture pour tous, et surtout « avec tous », comme cœur de notre société.

Je cède au plaisir de citer Philippe Meirieu à propos de « l’expression symbolique au théâtre ».
« Le spectacle vivant est un formidable moyen de partage.
« La culture, c’est ce qui relie l’intime à l’universel ». Non point une intimité dégoulinante qui s’épanche indéfiniment dans son propre narcissisme. Non point un universel arrogant, défini une bonne fois pour toutes par les « académies » officielles et officieuses, mais un universel généreux, ouvert, modeste en sa confrontation permanente avec l’altérité.  Le théâtre est toujours politique.
Non parce qu’il traite systématiquement des questions de pouvoir, mais, bien plutôt, parce qu’il permet de faire émerger, de la confusion du monde, les véritables enjeux. (…) C’est une école de lucidité. »

Isabelle Royer, Présidente

Nos bons plans
sur notre sélection de spectacles ...
Journal MCH
Le journal de l'association...
J'adhère à la MCH
Ou renouvelez votre adhésion en ligne
Nous contacter
Besoin de renseignements ?