C’est avec plaisir que nous nous retrouvons pour notre assemblée générale statutaire de juin. C’est l’occasion de voir ensemble ce que nous avons fait depuis le mois de septembre avec une équipe motivée et efficace. Notre identité, nos actions, notre avenir, voilà de quoi réfléchir après 6 années d’indépendance par rapport au Volcan. Aujourd’hui, si notre participation aux CA du Volcan est toujours active, car nous y transmettons votre voix, nous laissons au directeur la liberté de vous donner des nouvelles de l’EPCC.

Notre situation n’est plus incertaine, nous pouvons nous réjouir d’avoir trouvé notre place dans la ville : lisez notre bulletin d’adhésion, vous y voyez de quoi expliquer à vos amis ce que nous faisons…

 

L’actualité a été difficile mais particulièrement significative pour nous.

1/ Les attentats de janvier contre des artistes et contre des juifs nous ont rappelé avec douleur que ni les arts ni les valeurs de notre République n’étaient partagés par tous ou « sacrés ». Paradoxalement ces crimes reconnaissent (par le sang) le pouvoir de l’art, et celui du « vivre ensemble » dans la diversité défini par nos lois. Pour nous, refuser ce qui fait obstacle à la liberté, l’égalité, la fraternité, c’est faire appel aux forces de la création. C’est le moteur de notre association.

 

2/Les choix budgétaires rabotent les subventions aux associations et aux structures culturelles comme si elles étaient un luxe, ou au contraire un « angle mort », un « invisible » de la vie de la cité. Souvenez-vous, le 10 décembre, un collectif d’artistes lançait un cri d’alarme pour le réseau culturel issu de la décentralisation menacé par les injonctions de divertissement rentable.

Cette menace interpelle le public : qu’attendons-nous d’un spectacle ? – et le pouvoir – à quel niveau placez-vous la culture ?

Je rappelle l’analyse de la philosophe Marie-Josée Mondzain : elle ne revendique pas une « meilleure politique culturelle ». Pour elle, les pouvoirs financiers et économiques mondialisés visent à effacer la vie politique elle-même. Quand on s’attaque à la culture et à l’éducation, on se débarrasse de la politique. Aussi lutter contre l’effondrement de la culture revient à donner la primauté au politique, comme force de débat et de transformation. C’est ce que nous voulons faire. C’est pourquoi par exemple nous avons défendu le Satellite Brindeau en grand danger de disparition.

 

Nous avons donc été assurés dans nos buts. Car notre identité de « spectateurs » se décline dans le cadre d’une « fabrique du spectateur » et de soutien aux créateurs et aux acteurs culturels. Dans ce cadre, Eric Charnay vous expliquera la gestion de notre budget.

 

  • Je vous donne tout d’abord des nouvelles de notre livre sur l’histoire de la Maison de la culture. Notre rôle ici n’est pas seulement patrimonial. Il répond à notre volonté de ne pas laisser l’oubli recouvrir cette histoire mais il explore également des perspectives pour la culture dans notre siècle.

« Une histoire, des mémoires », devrait être son titre. Beaucoup de travail, vous vous en doutez, pour Sylvie Barot, Serge Reneau, Marie-Paule Dhaille, et moi-même, afin de réunir les textes, contributions des participants à notre colloque du cinquantenaire, témoignages des acteurs de cette histoire, présentations, iconographie…

Universitaires et professionnels ou militants de la culture brossent un tableau riche de cette Maison et de la ville, intéressant les Havrais et tous ceux qui sont concernés par la culture depuis 1961. Les Presses universitaires de Rouen et du Havre publieront l’ouvrage à l’automne.

Il fera suite à notre livre de photographies « 50 ans de création, 50 ans d’émotions » et complète le DVD « Le rêve d’une culture partagée » diffusé sur FR3 et vendu à la Galerne.

 

  • Par ailleurs, dans le cadre de la « fabrique du spectateur», nous avons mis en place des débats qui nous permettent deux choses : confronter nos points de vue et augmenter notre plaisir des spectacles.

 

1/ Tout d’abord favoriser les sorties au Volcan et à l’opéra de Rouen, à tarif réduit, est un moyen de partager les plaisirs des spectacles ensemble quels que soient nos revenus. Nos « bons plans » (Christophe Manchon, Annette Maignan), ce sont des services que notre association rend à ses adhérents. Pour mémoire, en 2013, 63 % des cadres supérieurs sont allés au théâtre au moins une fois dans l’année contre 23 % des ouvriers. (Observatoire des inégalités). Sachons également que le budget culturel annuel par habitant est en 2014 de 341€ (comme Nancy, petite ville de 100000 hab…)

 

2/Pour les réunions de la Rubrique des spectateurs (Sylvette Bonnamour, Mary Berkelmans, Annie Drogou, Christine Baron, Catherine Désormière, Flora Fiszlewicz et quelques adhérents…), elles ont lieu dans des bistrots sympathiques, elles sont ouvertes à tous, elles ne réclament aucune compétence particulière et offrent la possibilité d’échanger librement sur les spectacles, les conférences, les films…Dernièrement, nous avons croisé avec beaucoup d’intérêt nos réactions sur Tabac rouge de James Thierrée. Josépha a composé pour nous un livret de nos articles.

 

3/Certains d’entre vous sont venus assister à notre 3ème Grande conversation, rendez-vous annuel réunissant créateurs, spécialistes et spectateurs autour d’une thématique, cette année celle de « La nudité dans le spectacle vivant », préparée par Catherine Désormière, au restaurant du Tétris. Les interventions de nos invités (Marcel Freydefont, Roland Huesca), celles des participants concernés ou ayant travaillé sur le sujet (Danièle Gutman, Jérôme Le Goff, Gaël L. et AnnLiz Bonin, Eric Douchin, Jocelyn Brudey…) et celles des spectateurs nous ont permis de répondre à certaines de nos questions avec une connaissance plus précise de l’histoire des arts et des enjeux.

 

4/Dans la même optique, nous développons des partenariats, l’un avec Résonances et le conservatoire avec un « Libre parcours musical de Stéphane Goldet » (France Musique) en avril, puis à présent des conférences préparatoires aux sorties à l’opéra (Eric Douchin). L’idée est de nous donner des clés de compréhension pour la musique.

 

  • Pour notre soutien aux acteurs culturels, notre site participatif offre une meilleure visibilité aux artistes, grâce à David Loureiro. C’est ainsi que chacun peut dorénavant publier ses évènements à sa convenance, après inscription et validation.

Nous attendons les inscriptions des plasticiens dans la rubrique « Electrons libres » afin que leurs œuvres soient plus largement connues. Les commerces culturels vont aussi vous proposer une réduction sur présentation de votre carte d’adhérent.

 

1/Vous recevez à présent régulièrement les infolettres de Josépha Cuvier vous informant de l’actualité culturelle. Nous éditons un journal pour partager avec nos lecteurs des informations, des coups de cœur, des portraits…Nos liens sont ainsi renforcés, hors de nos 2 Assemblées générales.

 

2/ Dans le même but de soutien aux artistes, début septembre, nous avons collaboré avec Georges Vérin et Bernard Hébert pour « Chroniques 44 ». Participer à une meilleure connaissance de la ville, de son passé et de ses souvenirs nous semble relever des objectifs de notre association.

 

3/D’autre part, nous travaillons à ce que la ville du Havre soit classée parmi les villes cinéphiles, en participant toujours activement à des associations liées au cinéma, Le Studio, Le Grain à démoudre, et Havre de cinéma. C’est parce que le cinéma était dès l’origine inscrit dans les fondements de la Maison de la culture et que le souvenir de l’Unité Cinéma et de l’Eden reste vivace dans nos mémoires que nous soutenons ces structures capitales pour la ville.

 

En conclusion, je dirai que nous nous plaçons résolument hors de la « culture comme marchandise », des flatteries publicitaires et de la méfiance ou de l’animosité ambiantes.

Notre époque reflétée par les médias fait la part belle au spectaculaire, à la disqualification systématique, au mépris des intelligences et de la réflexion. Elle propose des images terribles d’inégalités (3 millions d’enfants sous le seuil de pauvreté en France selon l’UNICEF), d’appauvrissement, mais aussi de fanatismes et de férocités. Des solidarités et des espoirs émergent heureusement partout.

Notre désir d’art est bien loin d’un besoin de loisirs. Ce que notre association nous offre, c’est la possibilité de réfléchir, de réagir, d’échanger, d’agir.

C’est une volonté constructive de savoir et de plaisir partagés, de démocratie en action.

Isabelle Royer

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