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Ah oui, la révolution est théâtrale !

C’était le jeudi et le vendredi 10 et 11 décembre, au Volcan, Ça ira (1) Fin de Louis, création 2015 de Joël Pommerat/ Cie Louis Brouillard.

 Comme on est loin de la sécheresse des livres d’histoire gonflés de dates : 1789, 5 mai, 17 juin, 9 juillet, 14 juillet, 4 août, 6 octobre… Des déclarations, des faits, des compromis. Et entre ces dates, le soulèvement et la ferveur de ceux qui franchissent un obstacle qu’ils n’auraient pas imaginé si la nécessité ne les y avait poussés. C’est à une fracture, douloureuse, en effondrements et rebonds que nous convie Joël Pommerat. Comment subjuguer toute la salle d’un théâtre ? Comment la faire frémir, immergée lui semble-t-il dans l’Histoire ? Eh bien, en faisant la Révolution ! En recréant un bouillonnement lointain et qui nous paraît finalement si familier ; en surprenant le public qui physiquement prend conscience que c’est ici que sa propre histoire se joue sous ses yeux. Car tout est là, vivant, contradictoire, déterminé, pusillanime, versatile, opportuniste, inconstant, valeureux et têtu. Humain. Joël Pommerat, hors de toute théorie, nous rappelle que nous sommes faits de ce qui se passe sur la scène. Nous sommes, qu’on le veuille ou non, marqués par cette cassure, nous faisons partie d’un après. Nous le savions, mais savoir n’est pas vibrer avec une trentaine de comédiens. Savoir est une connaissance des faits, une réflexion froide.
Les comédiens, parlons-en : extraordinaires d’ardeur et de vérité parfois jusqu’à l’incandescence. Il y a dans cette représentation, une grande générosité et, il faut le dire, un humour à petites doses qui nous rappelle que dans les moments les plus graves, surgit toujours l’étincelle de la liberté d’esprit.
« Ça ira, oui, ça ira… » dit Louis XVI, à la fin, à peine convaincu par ses propos – et s’il savait ! – toujours dans un entre-deux, vacillant entre ce qu’il est ou peut-être n’est pas, ne le sachant pas trop et l’affirmant pourtant : « Je suis le roi ! ». Il répète, semble-t-il, ce qu’on lui dit depuis qu’il est né : « Tu seras, tu es roi … » mais le croit-il lui-même, prenant des décisions de roi ? Certes, on a pitié de lui, on ne lui en veut pas, nous, du haut de notre XXIème siècle, et pourtant avec une certaine cruauté, on se dit que, bientôt, de ce : Ça ira (1) Fin de Louis, il y aura forcément : Ça ira (2) et… oui, on ira.

Catherine Désormière

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