TRIMESTRIEL#2019 – LES EDITOS

TRIMESTRIEL N° 17 JANVIER 2019

En 1959, il y a 60 ans, naissait « le ministère d’Etat chargé des Affaires culturelles ». Le général de Gaulle est convaincu que le rayonnement mondial de la France doit se faire aussi par la culture. Il confie à André Malraux la « mission de rendre accessible au plus grand nombre les œuvres capitales de la France et de l’humanité. »

Esquelbecq: «André Malraux et Dunkerque, une filiation», un entretien avec  Jean-Marc Alcalay

Auparavant, sans le soutien du Parlement ou du Gouvernement, Jean Zay pendant le Front populaire à l’initiative de « l’éducation culturelle et artistique », et Jeanne Laurent favorable à la décentralisation théâtrale, sous la 4ème République,  avaient échoué.

C’est dire que ce ministère est fragile sans une volonté forte de l’Elysée.

En 1982, avec François Mitterrand, Jack Lang put décréter : « Le ministère chargé de la Culture a pour mission :

  • de permettre à tous les Français de cultiver leur capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement leurs talents et de recevoir la formation artistique de leur choix ;
  • de préserver le patrimoine culturel national, régional ou des divers groupes sociaux pour le profit commun de la collectivité tout entière ;
  • de favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit et de leur donner la plus vaste audience ;
  • de contribuer au rayonnement de la culture et de l’art français dans le libre dialogue des cultures du monde ».

Souvenons-nous de cette ambition ! Depuis, selon Le Monde, il semble que la culture n’est plus un bien commun, de l’aveu même d’anciens ministres.

Anniversaire pour anniversaire, le Théâtre national de Strasbourg a fêté ses 50 ans en 2018. Pour Stanislas Nordey,  les inventions culturelles d’après-guerre nous ont faits ce que nous sommes… Il a choisi de rêver à  2068 au « parfum d’utopie ». Il rappelle que l’Etat subventionne « le spectateur avant les artistes ».

Pour notre association, une société progresse de donner aux artistes et aux spectateurs toute leur place. Nous vous donnons rendez-vous sur notre site, notre chaine You Tube et notre page Facebook, à nos émissions VivaCulture, et à nos Grandes  conversations.

Quant aux barrières qui empêchent certains  d’entrer dans un théâtre, ou un musée, c’est un travail de Sisyphe. Pour tous.

Isabelle Royer, présidente

TRIMESTRIEL N°18 AVRIL 2019

 Notre association privilégie le partage des arts et des œuvres dès l’enfance. Le partage, car la culture,  n’est pas « une expérience de profonde solitude sans appel » celle d’enfants face à un écran (Romeo Castellucci,  metteur en scène, lors d’un colloque sur Le théâtre et ses publics, La création partagée).

Democracy in America”, m.e.s. Roméo Castellucci | Culturopoing

Democracy en America

Autant que nous pouvons, nous allons voir du côté des arts. Explorer notre possibilité d’imaginer et d’entrer dans des mondes différents. Nous interroger sur nous et sur le monde, peut-être vivre autrement. Accepter parfois d’être bousculés. Les visiteurs du site collaboratif de notre association, les auditeurs de notre émission Viva Culture, les participants à nos Apéros des spectateurs et à nos Grandes conversations, ont ce même appétit de culture partagée.

Qui a dit que regarder était synonyme d’inaction ? Le spectateur serait passif face à l’acteur engagé dans l’action. Notre époque de medias nous plonge dans un bain de spectacles incessants, d’images, d’informations : pris dans ce flot, nous serions coupables d’inertie.

Mais les publics, quels qu’ils soient, ne sont pas vierges de tout savoir. Chacun a une culture personnelle née de ses héritages et de ses rencontres, constituée d’apprentissages scolaires, de loisirs et d’arts. Jean Vilar aimait rappeler l’étymologie du mot theatron : lieu d’où l’on regarde, qui met le public au centre de l’acte théâtral. L’œuvre prend vie grâce au travail invisible du spectateur.

Jacques Rancière dans Le spectateur émancipé affirme qu’« il compose son propre poème ». Comme le vrai pédagogue qui n’enseigne pas à l’élève son savoir, mais l’aide à « s’aventurer sur un chemin tracé entre une ignorance et un savoir », l’artiste apprend au  regardeur quelque chose qu’il ne sait pas lui-même.

 Le spectateur n’est pas passif, il agit : son regard circule, choisit, s’attarde, compare, interprète, son cœur s’émeut, son cerveau procède par associations. Selon le critique Jean Starobinski, récemment décédé, « L’œuvre l’interroge », et s’il est fasciné, il entend conserver « droit de regard »

Ce qui reste d’un spectacle sur le plateau, c’est le vide : « Qu’en reste-t-il alors ? se demande Romeo Castellucci. L’expérience de chaque spectateur. »

Isabelle Royer, présidente

TRIMESTRIEL N° 19 OCTOBRE 2019

Nous aimerions vivre dans un monde de Bisounours. Films de carte postale à l’américaine, êtres humains bons, émotifs et émouvants, réalité simple à comprendre et à vivre…Nous pourrions sans difficultés répondre à l’injonction : « Sois heureux et tais-toi ! »

Eh bien non ! Evidemment…Vise-t-on un monde lisse, proche du  Meilleur des mondes d’Aldous Huxley  (1931) ? Ce qui nous préoccupe, ce sont les effets – sans doute collatéraux – du progrès : mutations diverses, refus du temps de l’information et déferlement d’opinions sur les réseaux sociaux, infantilisme, rupture du contrat social, dégradations écologiques  …

Que vaut la culture dans une civilisation hantée par des catastrophes « en train d’advenir » selon certains ?

Les bons sentiments, l’esthétique, la virtuosité, ne font pas une œuvre d’art.

Un grand spectacle  suscite une sorte de jubilation, mais ne se mesure pas à l’aune de notre contentement. Davantage à celle de la « pluralité de pensées contradictoires » louée par Agnès Santi dans son édito du journal La Terrasse sur  Avignon. Avec le doute commence le travail de notre intelligence. Car la création remet en cause nos certitudes et notre « vérité ». Elle nous met à l’abri de ce qu’Alain Rey, dont la 8ème édition du Dictionnaire historique de la langue française  parait ce mois-ci, nomme « l’imbécillité programmée » !

L’œuvre d’art participe à l’enrichissement de notre sensibilité et à la construction de notre esprit. On juge sa liberté, hors des clichés, des jeux d’influence et des censures, fruit d’une pensée indépendante, lucide.

« Pour savoir ce que vaut un photographe, demandez-vous quel est son point de vue », déclarait Robert Franck au chroniqueur Michel Guerrin.

Hommage au photographe Robert FrankRobert Franck

Nous nous poserons cette question lors de la saison culturelle 2019/2020 !

Isabelle Royer, présidente

 

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