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Oscar Niemeyer raconte la naissance du Volcan (1978-1980)

« Mon travail au Havre… »

A propos du documentaire projeté à l’Assemblée Générale de la M.C.H

Charles Mounier et Claude Mouviras réalisent en 1983 un film de 12 minutes qui retrace la construction de la Maison de la Culture du Havre (le Volcan aujourd’hui), illustré d’images d’archives et enrichi par les explications du célèbre architecte, Oscar Niemeyer.

De 1978 à 1980, on voit sortir de terre ce majestueux ouvrage en béton commenté par son créateur !

Du parking initial labouré, creusé au plus profond de ses entrailles par des engins gigantesques pataugeant dans la boue, émerge peu à peu l’élégante envolée de béton brut hissée patiemment par les mains des ouvriers habiles. Mètre après mètre la couronne de béton ondule et s’élève opiniâtre, vers le ciel. Le corset de bois brut dévoile peu à peu ses courbes. Et comme un papillon quittant sa chrysalide « notre » Volcan s’ébroue et sort de sa gangue, déployant ses lignes pures et majestueuses dans l’espace.

Oscar Niemeyer commente depuis Rio cette naissance somptueuse avec son économie de mots habituelle. « Mon travail au Havre consistait à faire une chose avec beaucoup de liberté. Des éléments très simples. Comme ça… ». Et il trace au crayon une de ses fameuses esquisses : deux traits époustouflants de simplicité, la coupe des deux bâtiments. Comme deux grands « M » arrondis, signes cabalistiques, idéogrammes stylisés qui sont pourtant évidents : nous voyons les deux Volcans ! « Et la cour qui complète tout le projet. .. » Il change de feuille blanche et tel un maître d’école il explique en quelques phrases la solution qu’il a choisie pour combattre le vent. Il place,  derrière une ligne (le niveau haut)  un passant (une sorte de croix) qui regarde les bâtiments à l’horizontale (le haut de deux « M ») mais dont le regard plonge aussi  4 mètres en dessous, vers le niveau bas. Niemeyer a trouvé la solution contre le vent et le froid : la place enterrée ! Et il  multiplie ainsi les points de vue et les surprises du regard. Il change alors de page et trace l’emprise au sol : deux cercles en plan, un grand et un petit qu’il encadre d’un trait rapide et il poursuit : «… et le carré de la place, les bâtiments et des courbes qui les relient. » Et alors, comme par magie, apparaît la silhouette de la colombe que révèle aujourd’hui les photographies prises en plongée. Du croquis à l’espace, Oscar Niemeyer ne cesse de nous surprendre…

Plus tard, dans son bureau le dos tourné aux magnifiques montagnes en arrière-plan, il explique les fondements de son architecture, « la liberté plastique que Pampulha (1) a fait naître avec l’utilisation sans peur du béton et de toutes ses possibilités. La recherche d’une architecture différente, plus légère, plus créatrice. » Cette audace, il la développe en fuyant l’angle droit qu’il déteste et en privilégiant la courbe qui, grâce au béton, lui permet toutes les fantaisies.

Au Havre dit-il, il veut « faire exprimer  au béton sa solution la plus audacieuse ». Ainsi, « l’architecture apparaît dès que la structure est achevée » (contrairement aux immeubles traditionnels qui ont besoin pour être définis d’être complétés a posteriori  par des éléments ajoutés à la structure).

Le film accompagne chaque étape du chantier colossal qui donne naissance à ce  volume en mouvement  entouré par les immeubles Perret statiques et morcelés. Quel contraste !

« La beauté c’est le contraste, comme au Palais des Doges où les colonnes avec leurs arabesques offrent un contraste splendide avec la paroi lisse qu’elles soutiennent .  La tradition est importante mais c’est un poids. Il ne faut pas retourner au passé. Il faut innover, inventer, chercher à faire des choses différentes avec les matériaux actuels,  faire une architecture libre et créatrice. L’architecte doit créer aujourd’hui le passé de demain !».

(1)Quartier neuf bâti en 1940 à Belo Horizonte, Brésil par Oscar Niemeyer, qui fondera son esthétique.

                                                                                                                             Christine Baron Dejours (19 décembre 2013)

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