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« IDA », film de Pawel Pawlikovski

Projection au Sirius

Ce film est moins un portrait de femmes que la description d’une population qui a cru tirer un trait impunément sur son passé dans la 2nde guerre mondiale.

Les images inaugurales du film sont significatives : le tribunal socialiste de Wanda, procureur, s’apprête à juger un coupeur de fleurs au sabre. Ida et ses comparses novices repeignent une statue du Sacré Coeur de Jésus, figure populaire de la miséricorde, et le portent comme un cercueil dans le jardin. Dans cette société, pas de justice. Pas de pardon.

Le film porte sur la désespérance d’une population qui n’a pas réglé son passé, pas jugé ses criminels, pas enterré ses morts, et par conséquence est empêchée de vivre.

J’ai l’impression que les personnages sont des caricatures : la brochette des nonnes au réfectoire, la position d’Ida en prière, mains jointes, comme une image pieuse. Quelle spiritualité ? Et pour notre héroïne, quel choix ?

L’identité d’Ida et de sa tante a été gommée : enfant arrachée à sa famille, juive confiée à un couvent catholique, elle ne connaît rien de sa famille et de la vie, et n’en connaîtra rien. Ce ne sont pas les quelques tentatives autour de la féminité, la fête, l’amour ( !) qui peuvent montrer à la jeune fille ce que vivre veut dire. « Je ne pense pas » dit-elle.

« Je ne suis plus rien » déclare sa tante en écho, émouvante, ravagée par l’assassinat impuni de sa famille et de son fils. Tout ceci montre le vide, le désert affectif généralisé, à l’image des cadrages où les personnages sont sur le bord, ou en bas de l’écran, et des paysages sinistres.

L’assassin lui-même dont on voit l’agressivité et la peur, puis l’accablement dans la forêt où les juifs ont été cachés, massacrés, enterrés, comme des bêtes, révèle que personne n’est sauf.

Si les deux femmes enterrent elles-mêmes leurs morts, en catimini, à la fin de leur macabre périple, il est trop tard pour ces êtres détruits.

« Et après ? » insiste Ida auprès de son amoureux, joueur de Coltrane fasciné par cette jeune fille innocente dont le regard vide peut prêter aux interprétations des spectateurs. Il pourrait lui retourner sa question : « Le couvent, et après ? »

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