TELERAMA
L’esprit jacobin de la Révolution imprégnerait-il toujours certains de nos conservatoires ? « Le poids de l’histoire y est resté énorme, analyse Claire Paris-Messler, qui, altiste formée au CNSM de Paris, ayant ensuite dirigé plusieurs conservatoires (Rouen, Caen…), a formé de nombreux directeurs d’établissement. Il en résulte un esprit de concurrence, une pression insupportable pour nombre d’élèves qui finissent par décrocher. A force d’écrémage, ne restent plus que “les meilleurs”. Certes, la musique est un art exigeant. Mais pourquoi ne pas avant tout transmettre l’amour de jouer ? » Cette réflexion est amorcée depuis une vingtaine d’années dans nombre de conservatoires – au prix, bien souvent, de tensions internes. Ainsi la pratique orchestrale s’est-elle généralisée dans les cursus, tout comme les manifestations hors les murs, ou la pluridisciplinarité. Autant d’ouvertures ayant oxygéné des établissements jusque-là restés très fermés. Un conservatoire comme celui d’Aubervilliers-La Courneuve (93), rattaché à un territoire dont 70 % des habitants sont non imposables, a dû, dès sa création, dans les années 1970, faire bouger les lignes. « Il y a toujours eu, chez nous, un côté “laboratoire”, témoigne son directeur, le chef d’orchestre et compositeur Alexandre Grandé. C’est très stimulant de chercher de nouvelles approches pédagogiques pour “contaminer” le public… »
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