Amerika, Rapports de classe
Ils s’inspirent à chaque fois de textes littéraires dont ils expriment le caractère fortement politique. Quand ils adaptent Böll, Corneille, Brecht, Engels, Pavese, Mahmoud Hussein, Duras ou Mallarmé, c’est pour évoquer des problèmes contemporains (le réarmement allemand, la permanence du fascisme, la collaboration et la Résistance, le conflit du Proche-Orient, etc.), tout en affinant, sans cesse, la spécificité de leur expression filmique. Peu d’auteurs, par exemple, ont autant réfléchi à la fonction du son et de la musique au cinéma ; à ce titre Chronique d’Anna Magdalena Bach (1967) et Moïse et Aaron (1974) demeurent des modèles.
Leur dernière aventure a consisté à adapter, sous le titre Amerika/Rapports de classes (2), le roman inachevé de Franz Kafka, l’Amérique. Écrit en 1912, il ne sera publié qu’en 1927. après la mort de l’auteur, avec un titre proposé par Max Brod, l’ami et l’exégète de l’écrivain de Prague, qui préférait l’appeler, dans ses écrits intimes, le Disparu.
Le roman raconte les picaresques aventures de Karl Rossmann, un adolescent obligé, par ses parents, d’émigrer en Amérique à la suite d’une mésaventure avec une domestique. Personnage candide, sans expérience — accroché à sa malle et à son parapluie,- épris de justice, il sera constamment mal récompensé de sa bonne volonté.
Bernard Mangiante est né en 1957 à Marseille. Il a étudié la philosophie et le cinéma à Aix-en-Provence. Il commence à travailler sur des tournages dans les années 1970. De 1978 à 1987, il s’installe à Berlin-Ouest et étudie à la Deutsche Film-und-Fernsehakademie (Dffb). Dans son premier film documentaire, Les Camps du silence (1989), il évoque l’histoire des camps d’internement du sud de la France entre 1939 et 1945 à travers les témoignages d’anciens internés.
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