7eme grande conversation – Carte blanche à François Delaroziere
L’art dans les rues, la ville transformée
Le vendredi 13 avril prochain, l’association MCH recevra François Delaroziere, directeur artistique de la Cie la Machine. Il aura carte blanche, à la bibliothèque Oscar Niemeyer, à 18h 30. L’entrée sera libre.
Il parlera de sa démarche, de sa collaboration avec les artistes, les techniciens et les décorateurs qui l’entourent pour construire ses objets de spectacles atypiques, ses créations géantes mécaniques.
La ville, traversée par ses habitants, est le théâtre de mémoires, d’imaginaires particuliers. Mêlée à l’histoire de chacun, elle a posé le long de nos parcours, les signes d’itinéraires qui sont bien d’autres choses que de simples jalons. Ce sont parfois les repères d’une vie. Ceux de rencontres, de rendez-vous, ceux d’évasions, de trajets obligatoires, de marches solitaires. Nous n’avons pas seulement parcouru la ville, nous l’avons vécue. Ces marques, bâtiments, angles et perspectives, probablement qu’on ne les voit plus. Et si un élément surprenant apparaît, quand survient l’inattendu sur notre chemin, le mouvement de nos pensée est interrompu. Le film de nos habitudes est suspendu.
La ville change, la ville est en perpétuelle mutation. Des rues, des avenues, des bâtiments parfois disparaissent pour réapparaître autrement. Les urbanistes relient des artères, créent des espaces, élèvent des murs, font creuser des sous-sols. Cela pourrait suffire à nos besoins.
Or, la ville connaît d’autres enjeux. Aujourd’hui elle doit être visible et reconnaissable, non seulement dans son pays mais dans le monde entier. Et cela, bien au-delà d’un urbanisme capable de suivre les modes de vie actuels et à venir. Il faut en appeler à l’imaginaire de chacun, visiteur, touriste, investisseur. C’est une question d’image. Et quoi d’autre que l’art pour y parvenir ? Et puisqu’il s’agit de milieu urbain quoi d’autre que les arts de la rue ?
photo©Emmanuel Bourgeau pour la Machine
François Delarozière, dit que la ville-même est un théâtre et que le théâtre que l’on y fait transforme la ville. Et bien sûr, il sait de quoi il parle. C’est lui qui a créé le géant, la petite géante, le petit géant, les girafes et d’autres personnages et animaux articulés pour Le Royal de luxe.
Il est, depuis 1999, directeur artistique de la compagnie La Machine, à Nantes. C’est là qu’il a développé ses projets. Les Mécaniques Savantes, par exemple, un bestiaire constitué de deux araignées géantes qui rivalisent en volume et en déplacement avec les constructions alentour. Il a aussi conçu et réalisé, en collaboration avec Pierre Orefice, les Machines de l’Île, Le Grand Éléphant, le Manège des Mondes Marins, l’Arbre aux Hérons.
photo©Jordi Bover pour la Machine
Extrait de Rêver la ville de demain, François Delaroziere :
Le théâtre de rue participe à changer la perception que nous avons de la ville. Celui que développe La Cie Machine repose sur l’apparition, dans l’espace public, d’une architecture monumentale actionnée, comme par exemple Les Mécaniques savantes à Liverpool, qui un matin s’est réveillée avec une araignée mécanique géante accrochée à un bâtiment du centre-ville face à la gare centrale. Son déplacement dans le centre-ville rénové à révélé a 400 000 Britanniques le nouveau visage de Liverpool ». Sept mois plus tard deux spécimens identiques débarquent dans le port de Yokohama lors des commémorations du 150e anniversaire de l’ouverture du Japon au commerce extérieur. Un des deux spécimens reste 150 jours et révèle le port récemment aménagé.
À Reims, en avril, c’est le tramway naissant et le 800e anniversaire de la cathédrale que l’araignée est venue fêter. Ainsi, nos spectacles s’insèrent dans l’histoire d’une ville. Reims, au fort patrimoine historique, rend hommage aux bâtisseurs d’hier et fait appel à des créateurs d’aujourd’hui pour lancer le tram qui va tisser sa toile, reliant les habitants du centre et de la périphérie. Nos spectacles de rue s’adressent à toute une ville. Les enjeux principaux sont la rencontre avec le public et la mise en valeur de l’espace public ou d’un projet urbain. La dimension monumentale de nos machines projette instantanément le spectateur dans une situation physique proche de celle d’un enfant qui voit ses parents comme des géants. Pour l’adulte, c’est une situation inattendue qui l’affranchit de nombreux préjugés et qui lui ouvre les yeux. La présence de nos machines évoque clairement la relation entre une architecture en mouvement et une ville.
Nos spectacles racontent comment l’espace public (les rues, les places, les façades de bâtiments) peuvent se transformer en un décor géant où la ville entière devient une scène de théâtre. Ils montrent la façon dont ces actions transforment le regard et le sentiment qu’ont les habitants sur leur propre ville. Ils deviennent à la fois acteurs et spectateurs d’une histoire qui est la leur.
Bien entendu, toutes ces machines n’ont pour fonction que de provoquer rêves et émotions. Elles sont, de fait, inutiles. Mais l’inutile n’est-il pas précieux, à la fois moteur de nos vies et garant de notre humanisme ? Inventons enfin des villes où l’inutile a sa place.
Le travail de François Delaroziere commence par ses croquis. Le dessin est, pour ainsi dire, le moteur à la fois de son imaginaire et des machines à venir. Il l’explique dans cette video : un trait… sur une feuille…
La MCH, vous donne rendez-vous pour sa 7eme grande conversation
L’art dans les rues, la ville transformée
carte blanche à François Delaroziere
18h30
le vendredi 13 avril
bibliothèque Oscar Niemeyer
entrée libre.
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