Réjouissons-nous, Alban Richard revient le 19 janvier au Phare !

Nous avions beaucoup aimé : BOIRE LES LONGS OUBLIS, d’Alban Richard, vu au Volcan le 30 janvier 2013 lors du FESTIVAL PHARENHEIT 2013

J’ai vu mercredi 30 janvier 2013, un spectacle d’une émotion rare : « Boire les longs oublis » d’Alban Richard. Le public était peu nombreux, peut-être en raison d’un changement de date, accentuant le sentiment de découverte suscité par cette pièce chorégraphique.
Le chorégraphe, danseur et enseignant, né en 1973, fondateur de la compagnie L’Abrupt, a suivi des études en Lettres modernes et au conservatoire de musique.
Pour lui, la danse est un art « total ». « Je considère être au théâtre. Je peux donc jouer avec tous les artifices possibles tout en montrant que tout cela n’est que du théâtre… » Son oeuvre travaille ainsi à ce que le spectateur tisse des liens entre les séquences par son imaginaire.

Il s’agit d’Un Poème d’actions.
Dès le début, des références au monde des Enfers, le poème symphonique de Rachmaninov, L’île des morts (1909),(…) suivie d’une pièce électronique puissante de Laurent Perrier, enfin le tableau d’Arnold Böklin, L’île des morts, (1866),  donnent une dimension mythique à un fait divers anecdotique.
C’est que cette chorégraphie est fondée sur une narration exposée par quatre lecteurs en introduction. Un parking, une discothèque, une forêt. Une femme, deux hommes. Un drame, un meurtre. Ceci étant posé, nous assistons à la mise en scène des actions, chorégraphiées, ou comme filmées, à la déclinaison des séquences, selon différents points de vue et techniques.
En fin de pièce, hors projecteurs, nous entendons la lecture délicate d’un poème de Fernado Pessoa, The broken window(…) C’est dire qu’hors anecdote, le propos est plus intime.

Le titre lui-même, « Boire les longs oublis », incite à assister à un travail de la mémoire.
Comme dans les films de David Lynch, notre perception est brouillée : on ne sait pas ce qui est souvenirs déformés, prisme de la subjectivité, fantasmes, rêves, ou réalité. Ainsi, dans la discothèque, les voix de la jeune femme et de l’homme se superposent : chacune dit “je”, pour le même récit. Choc de visions subjectives qui refuse “la” vérité, au profit de “vérités”.

Le temps lui-même évoqué à plusieurs reprises : hier, demain, maintenant, est confus. Sommes-nous dans la vision d’un ici/maintenant ? D’un flash-back ? D’une remémoration hasardeuse ? Alban Richard revendique « la perte de repères temporels chez le spectateur. Elle agrandit les possibilités de jeu et de trouble avec le public ». (L’Intermède)

Le cinéma est convoqué lors de certaines scènes…(…)

Alban Richard joue sur les répétitions, mais c’est avec des variations que le thème revient interminablement (au grand dam de certains spectateurs). Par exemple, on est touché par la gestuelle inspirée par les danseurs de boites de nuit. Le face à face mime la séduction et la distance, le désir et la solitude.
Ce duo est repris en gestes saccadés : les danseurs sont-ils éclairés par les spots du dancing ? Sont-ils, par leurs mouvements et par leur voix, à l’image des DJ scratchant pour modifier la vitesse et le sens de la lecture des vinyls pour en déformer le rythme et le son ? Expriment-ils leur douleur profonde et secrète ?

L’émotion naît de ces explorations.

L’image prête à confusion, son interprétation se dérobe : dans le trio, les couples se font et se défont. L’homme et la femme, ou les deux hommes, s’emmêlent, roulent sur le sol du parking. Est-ce dans la violence de la lutte ou dans celle de l’amour ? Qui peut d’ailleurs en fixer définitivement le sens ?

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