OBSERVATOIRE DES POLITIQUES CULTURELLES

Les artistes « sont très en avance sur la perception (même scientifique) de la nouvelle situation matérielle du monde » témoignait Bruno Latour lors d’une rencontre en octobre à Bordeaux. D’éclaireur à lanceur d’alerte : que peuvent les artistes face à la crise climatique ?

Pour Jean-Pierrre Saez « L’art n’a jamais transformé le monde, du moins directement. Mais il peut nous transporter, et changer notre regard sur le monde. »  Maud Le Floc’h est de celle qui croit au rôle de l’art dans la transformation de nos affects : « On ne changera pas le monde en mobilisant seulement le cerveau gauche. Il est nécessaire d’avoir recours à d’autre registres. La force de l’art est à mobiliser. ». Le Polau, qu’elle dirige, déploie Le Parlement de Loire, une démarche relatée dans l’Observatoire, qui propose de doter le fleuve d’un statut juridique et de moyens d’expression pour faire valoir ses droits. Pourquoi le vivant est-il le parent pauvre de notre univers mental ? se désole Estelle Zhong Mengual dans le même numéro.

Dans le prolongement de cette question, nombre de penseurs des « humanités écologiques » remettent en cause le dualisme nature/culture et suggèrent une « coconstruction indissociable » à instar de Donna Haraway. « Pour renouer avec le vivant, il faut (…) entendre des idées d’eau, des phrases de bêtes, des pensées d’arbres et de forêts ». Aussi, pourquoi ne pas reconnaitre aux poètes leur expertise en plein désastre écologique ? propose Marielle Macé.

Avec la fermeture des bars, des clubs, des espaces festifs et de culture, puis la mise en place du couvre-feu, la nuit est la première confinée. Si la nuit n’est pas « propice au respect scrupuleux de la distanciation physique », Michaël Fœssel fait remarquer dans Le Monde que le couvre-feu renvoie à « une défiance traditionnelle des autorités à [son] égard. » 

Les professionnels regrettent de ne pas être assez pris en compte par les pouvoirs publics. Dans une lettre adressée à la ministre de la Culture en octobre, Laurent Garnier se présente comme un « artiste du spectacle mort ». Au final, faute d’alternatives légales et de propositions politiques, les fêtes sont « condamnées à la clandestinité », observe Romain Geoffroy. Sur France Culture, Alexia Colone rappelle que « les rassemblements interdits sont nombreux dans l’histoire et ont tous participé à leur manière à l’expansion de courants artistiques, et même politiques. » Yann Lagarde prolonge l’analyse : et si le contrôle de la fête allait transformer la musique que nous écoutons ? Le livre blanc des Etats Généraux du droit à la fête affirme le rôle de la nuit dans la vie sociale et lance un « appel à la confiance » vers les pouvoirs publics et les territoires. 170 préconisations sont énoncées, avec comme priorité l’installation d’un Conseil national de la vie nocturne et de cellules d’appui Covid. L’école anthropocène de Lyon imagine le « Dancefloor comme ring politique » et invite à penser une politique redonnant « à la nuit son rôle d’effervescence démocratique. »

LA REVUE

Ce que les arts nous disent de la transformation du monde  

À la fois bâtisseurs d’utopies, éclaireurs, perturbateurs, activistes… les artistes nous rendent sensibles aux signaux faibles de notre époque. Ils nous offrent les fictions nécessaires pour penser l’avenir et inventent des formes critiques pour outiller notre réflexion sur le présent. Dans ce monde en profond bouleversement (technique, politique, écologique et culturel), que nous disent les artistes ? Par les imaginaires qu’ils font naître, comment nous alertent-ils et nous éclairent-ils sur le monde qui vient ? Quelles voies ouvrent-ils pour le penser autrement ? Et de quelles façons agissent-ils sur le réel ?

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