CHRONIQUE DE YOLAND SIMON

Dimanche 22 mars –

L’épidémie bouscule notre rapport au temps ou, pour parler avec plus d’emphase, la temporalité de nos jours. D’ordinaire, les calendriers décrivent l’ordre de leur succession. Le présent s’y place dans son essence provisoire et à jamais éphémère, entre le passé qui se fige et le futur qui s’accomplit de façon uniformément continue.

Mais voilà, depuis notre confinement et toutes ses conséquences sur l’organisation de la cité, nous ne vivons que dans un décompte nous séparant d’une fin dont nous ne savons rien. Notre futur est sans avenir prévisible, sans tout ce que nous espérions construire, et qui largement dépendait de nos efforts, comme si tout demeurait en suspens. Pire, nous devons renoncer à tant de choses qui faisaient l’ordinaire de notre existence, d’anodines habitudes : des courses à faire, des rencontres entre amis, des rendez-vous à honorer, des sorties au théâtre, au ciné.

Nul besoin, maintenant, de consulter ces agendas où s’inscrivaient diverses obligations, nulle nécessité de nouer son mouchoir pour ne pas les oublier. D’ailleurs, il vaut mieux le jeter. Le mouchoir, je voulais dire. La seule perspective qui nous occupe est le surgissement non de nouveaux événements, d’espérés accomplissements, mais d’un retour à la normale, au train-train de notre quotidien. On s’aperçoit soudain qu’il nous était cher dans son prévisible et rassurant déroulement. Ce maudit virus nous condamne ainsi à l’attente du passé, dans une certaine confusion de nos repères temporels, et nous pourrions nous demander, comme Jean Follain : « Si dimanche commence ou finit la semaine. »

 

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