Le français sur les scènes musicales actuelles

Grande conversation au Tetris (12 mars 2016), Semaine de la Francophonie

Des mots d’amour, de révolte, beaux ou non, jeux de mots, pluriels, libres…L’auditeur connait l’air des chansons anglaises, mais les textes de sa langue natale. (Stanislas Kazal) « J’écris à l’oral », dit Grand corps malade.( Christine Baron) Et les artistes invités, Gilles Adam, Ladea, Magness, Loulette, Erico, Marie-Ange Cousin, ponctuent le débat de leur slam, de leur rap, de leur chanson : c’est beau, c’est fort, c’est émouvant.

chante-anglais

En fait, il y a plusieurs langues françaises : Antilles, Afrique de l’Ouest, Québec, Acadie, Louisiane, France, selon les géographies, les histoires, les cultures…

Des échanges, oui, entre les artistes francophones de 82 pays mais aussi une responsabilité : le français peut disparaître ! (Eric Charnay) Parfois la langue, c’est un combat, comme au Québec.

Instrument de pouvoir parfois, d’influence en tout cas. Mais la circulation des artistes, d’Afrique par exemple, est tellement compliquée par les problèmes de visas, de transports, d’inégalités…(Régis Sénécal)

Le français est l’une des premières langues véhiculaire, d’échanges : Ebola ? La communication en anglais dans les technologies numériques de l’information provoque un retard catastrophique auprès de populations francophones. Le big data est un des grands défis de l’heure.

Chaque peuple a son vocabulaire, difficilement traduisible : pensons au saudade portugais, au dasein allemand. Sa musicalité aussi. Le français, langue fluide, lyrique, l’anglais, des mots brefs, propres au rythme ? (Gérard Garutti et Jean Lambert-wild pour la traduction de Richard III de Shakespeare). Et les sonorités ? Celles du Nord, celles du Sud…

« La première langue c’est la musique. Après c’est la Tour de Babel » (Alexis Dendeviel)

Et si la langue anglo-saxonne n’était que le reflet de la puissance des USA ? (Jean-Claude Amboise)

Le rock dans les années 60, balaya la chanson française en 6 mois ! Après, des reprises, grâce à un travail d’écriture plus ou moins réussi…La force mélodique des anglo-saxons…Les Beatles ? Ils jouent tous d’un instrument. Au Canada, en Australie, on apprend la musique. (Patrick Rebeke)

Alors ? Chanter en anglais ? Se limiter à l’instrumental ? Mais les troubadours ont joué il y a bien longtemps avec les assonances et les allitérations ! Ils savaient ce que « poésie » veut dire. « Je ne joue d’aucun instrument. J’ai les mots » (Ladea). Et souvent nous, auditeurs, nous n’avons pas les mots…

Les mots ? C’est la passion qui engage, pour la première fois en France, des étudiants au Havre à l’université en master de « Création littéraire » pour maitriser la connaissance de la littérature et la pratique de l’écriture. (Richard Turcey). Les universités américaines ont depuis bien longtemps leurs « ateliers d’écriture créative ». C’est la passion encore qui motive une vingtaine de jeunes à se former aux métiers de la musique et de la scène à l’université Montaigne de Bordeaux (Stanislas Kazal)

Question de langue ? Peut-être pas ! Le problème est aussi celui de l’émergence de la musique (Franck Testaert). Comment faire pour ne pas être un artiste « enterré vivant » hors des systèmes des maisons de disques et des radios aux quotas trompeurs ? Circuits courts, lieux de diffusion alternatifs, activités connexes, modèles associatifs ou coopératifs, réseaux sociaux pour survivre, et trouver un équilibre.

Si les hommes d’affaires font leurs affaires et si l’Etat se désengage, les citoyens se mobilisent.

C’était la première Table ronde organisée par le Tetris en partenariat avec l’association MCH samedi 12 mars à 15h, sur « La langue française dans les musiques actuelles ».

 

Isabelle Royer

 

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