Réouverture des lieux culturels : où sont les publics ?

Après l’euphorie du premier mois de reprise d’activité, ni les théâtres, ni les musées, ni les cinémas ne font le plein, déplore Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde », dans sa chronique.

Publié le 18 juin 2021

Nombre de sites accueillent moins de monde qu’il y a un mois, alors qu’ils pourraient en recevoir plus.

Nous avons joint une vingtaine de lieux de toutes disciplines, qui justifient le reflux. Il fait beau, les gens préfèrent partager en terrasse que s’enfermer dans une salle, juin n’est pas bon pour la culture, l’offre est faible, l’Euro de football constitue une rude concurrence, le masque est un frein, il faut réserver sa place sur Internet, les touristes sont absents, etc.

Avant de claironner, le 11 juin, sur LCI, que « partout les jauges sont remplies », la ministre Roselyne Bachelot aurait pu consulter les sites Internet des lieux culturels – ils montrent le contraire. Et dans les musées régionaux, la réservation n’est pas nécessaire.

Même chose pour les cinémas, qui ont perdu la moitié de leurs spectateurs entre la semaine du 19 mai et la suivante, de 2,2 millions à 1,1 million d’entrées…

La Philharmonie connaît un autre problème, partagé par beaucoup de lieux de spectacle : les mélomanes, son cœur de cible, reviennent, mais moins le public volatil que cette salle avait su attirer à force de travail, à savoir les bobos et les jeunes adultes des quartiers populaires. Soit une perte d’audience de 30 %, que la Philharmonie espère réduire à 20 % à l’automne. Cet exemple traduit le chemin de la diversité perdue, du public comme des œuvres, et il ne suffira pas de claquer des doigts pour le retrouver..

La Banque de France annonce que l’économie repart fort et que les Français se ruent pour dépenser, en terrasse, dans le bricolage, les téléphones, ordinateurs ou vélos, au point que des produits sont en rupture de stock, mais pas dans la culture, ce qui nuance son statut « essentiel ». Nous sommes en fait dans une période cotonneuse, un entre-deux mitigé.

L’été pourrait donner le goût du renouveau. Dans quelques jours, la culture va migrer vers les milliers de festivals de l’Hexagone. Le symbole en est un tir groupé fou début juillet : Cannes (cinéma), Avignon (théâtre), Aix-en-Provence (art lyrique), Francofolies et Vieilles Charrues (rock). Il s’annonce joyeux, tant la philosophie des festivals – mariage du plein air et de l’art, du festif et du sérieux – colle au climat post-Covid-19. Quasi tous tablent sur une fréquentation excellente si la pandémie les laisse tranquilles. Du rôle d’appoint, les festivals deviendraient alors le moteur de la culture.

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