L’Ile d’or, création collective du Théâtre du soleil

Le 7 novembre, un groupe d’adhérents de la MCH a eu le plaisir d’assister à la Cartoucherie au spectacle  L’Ile d’or , création collective du Théâtre du Soleil
en harmonie avec Hélène Cixous, dirigée par Ariane Mnouchkine

Ariane Mnouchkine met en scène les bruits du monde

Sait-on que dans le « générique » du spectacle, la scénographie de L’Ile d’or est modestement indiquée ainsi : « L’espace a été proposé par Ariane Mnouchkine » ?
Or, l’espace où la pièce sera jouée et qui apparaît sous les yeux des spectateurs dès leur entrée dans la salle – ce qui permet de l’apprécier tout en anticipant dans quelle atmosphère ils seront baignés – n’est finalement pas un lieu immobile, une sorte d’écrin pour simplement accueillir une histoire. Il est vivant. Il parle. Il est le lieu isolé où les péripéties du monde se rassemblent, se croisent et s’entrechoquent. Il va s’agiter et se transformer sous nos yeux dans une chorégraphie nerveuse qui fait partie de la mise en scène. C’est là que s’élaborent en successives scènes ce qui agite notre époque.
Sur le vaste plateau où va pouvoir se jouer et se montrer les turpitudes des hommes, le théâtre d’Ariane Mnouchkine n’est pas une arme politique. Il paraît naïf parce qu’il n’intervient pas dans le discours mais dans la représentation. Les acteurs sont des figures, ceux de la traîtrise, de la lâcheté, du crime, de l’innocence, de la douleur. Nous reconnaissons tous les différentes circonstances qui les animent, nous les rattachons tous à ce qui nous entoure, nous a touchés, événements, accidents, ignominies.  Et puisque le théâtre est le lieu de la catharsis, le rire est son meilleur allié. Quand les turpitudes des hommes, même les plus terrifiantes y sont ridiculisées, leurs nuisances peuvent paraître plus faciles à supporter.

Le spectacle précédent du Théâtre du soleil, Une chambre en Inde, était celui de l’incertitude. Le personnage de Cornélia, que l’on trouve dans l’un et l’autre spectacle, refusait tout compromis, se débattait pour sauver le théâtre, assaillie par le doute. Pourquoi vouloir créer alors qu’il existe déjà des chefs-d’œuvre ? Le théâtre peut-il sauver le monde ? La réponse était : non. Mais il est la représentation de l’humain, avec ses trahisons, ses défaites, ses rêves et ses faiblesses. Il essaie de réparer. Dans L’Ile d’or, la question n’est même plus là, il y a urgence, il faut soigner.
Au milieu du décor de ces deux spectacles, il y a un objet essentiel : le lit. Dans Une chambre en Inde, Cornelia y dormait, y rêvait, mais aussi y réfléchissait, accueillait ses amis, s’y cachait quand elle ne voulait plus rien entendre. C’était un vaste lit en bois blond, surélevé, aux draps blancs et aux oreillers rebondis. Elle y élaborait sa vision du monde, se demandait comment la mettre en œuvre. Dans l’Ile d’or, Cornélia git dans un lit en fer, un lit d’hôpital, elle n’en sort que chancelante, vite ramenée sous sa couverture par son ange gardien ou son aide-soignante. Ses tentatives incessantes d’en sortir, qui sont les sursauts de son désir d’organiser ce qu’il faut montrer et comment le montrer, aboutissent à une délivrance. A la toute fin, elle se relève. Comme libérée. Comme si reprendre chacune des vicissitudes qui nous entourent, se les représenter grâce à la distance de l’humour, l’avait délivrée et lui permettait d’envisager l’avenir. Et s’il y a là un message, c’est un encouragement à ne rien lâcher.

CD

Le théâtre du soleil

Journal La terrasse

 

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