Qui sont nos zombies ?
La 11ème Grande conversation de l’association MCH a été enregistrée le 30 mai 2021 à la bibliothèque Oscar Niemeyer, au Havre en compagnie de :
Clémentine Hougue, docteure en littérature comparée – université du Mans
Ludovic Lecomte, co-fondateur de l’association Cannibale peluche
Catherine Désormière, association Maison de la Culture du Havre
En quelques années, les zombies sont devenus des personnages récurrents du cinéma de genre, de séries télévisées, de la bande dessinée, mais également sujets d’études sociologiques, géographiques, littéraires… Mais c’est quoi un zombie ? De quoi sa popularité est-elle le symptôme ? Pourquoi le zombie, parmi toutes les figures de monstres, serait-il aujourd’hui celui qui symboliserait le mieux notre époque ? Et qu’en dit-il ?
Dans le cinéma des années Trente, aux Etats-Unis, la figure du zombie était associée aux fantasmes liés au Vaudou et au réveil des morts. Elle était la métaphore de l’esclave dont seul comptait la force de travail et dont la personne était niée. Dans le film « La Nuit des morts-vivants » (1968), George A. Romero apporte une dimension différente. Ses zombies déferlent en hordes et deviennent le symbole de l’effrayant inattendu, d’un quelque chose qui pourrait atteindre l’individu et l’humanité entière, dans une dimension inouïe et irrémédiable. C’est le déclenchement d’une réflexion où le zombie n’apparaît plus comme un simple objet de divertissement mais celui d’une pensée critique. Au commencement, au cinéma, les zombies sont une horde terrifiante et silencieuse d’êtres impensables auxquels personne ne peut s’identifier : trop morts et trop vivants… Sans parole, sans réflexion, une seule chose les fait mouvoir : dévorer des êtres humains, qui à leur tour contaminés, dévastent et remplacent progressivement l’humanité. Au rythme des questionnements sur les significations qu’il peut prendre, la figure du zombie va changer progressivement de sens, jusqu’à ne plus être seulement une silhouette errante et affamée de chair humaine. Désormais des colloques universitaires lui sont consacrés. Des conférences, des essais, des articles, les émissions de radio et de télévision se multiplient. Ils s’est infiltré dans les réflexions de philosophes, de sociologues, de neurologues, d’ethnologues… En se saisissant du sujet, les uns et les autres ont dévoilé les préoccupations, les peurs de la société contemporaine. Mais aussi ses dérives et ses faiblesses.