Corto Maltese – 50e anniversaire – 10mn chronique- sur Ouest Track radio, dans Viva Culture, une émission de la MCH. 

Nous célébrons en ce moment, le 50eme anniversaire de Corto Maltese, le héros de la bande dessinée de Hugo Pratt. C’est à Lyon que l’on pourra voir l’exposition Hugo Pratt, lignes d’horizon, jusqu’au 24 mars 2019, au Musée des Confluences. Une très belle scénographie nous emmène à travers le monde, là où Hugo Pratt a emmagasiné des images, fait des rencontres, éprouvé des émotions. Nous découvrons aussi qu’il s’inspirait de gravures, des catalogues de musées, de photos d’objets.

Ces objets, pour la plupart, étaient présents dans les collections du Musée des Confluences. Ainsi, 94 d’entre eux sont présents dans l’exposition, en regard des reproductions des vignettes de la bande dessinée. Videos, musiques, nous emmènent au cœur d’un dédale, comme on déplace son regard d’une planche à l’autre devant un album. On apprend aussi qu’une des inspirations graphiques d’Hugo Pratt se trouve dans la BD américaine, chez Milton Caniff, dont nous reconnaissons le trait.

Hugo Pratt imaginait des romans mais ne les écrivait pas : il les dessinait .…Voici ce que disait Hugo Pratt en décembre 1989 :
Dans la littérature, ce qui me touche le plus c’est la poésie parce que la poésie est synthétique et procède par images. Quand je lis, je vois les images, je les perçois à un niveau épidermique. Sous la poésie se cache une profondeur que j’arrive à percevoir immédiatement et, comme dans la poésie, la bande dessinée est un monde d’images, on est obligé de conjuguer deux codes et, en conséquence, deux mondes. Un univers immédiat à travers l’image et un monde médié à travers la parole.
Hugo Pratt, né en 1927, a vécu à Venise jusqu’à ses 10 ans, puis en Abyssinie, aujourd’hui l’Ethiopie, jusqu’à ses 16 ans. En Afrique, il baigne dans une atmosphère de guerre. Cependant, il découvre un pays, il noue des amitiés aussi bien avec les habitants qu’avec les soldats anglais. Son père, officier dans l’armée coloniale de Mussolini, est arrêté en 1943 et disparaît. Le jeune Hugo rentre à Venise.
Pendant toutes ces années, il a engrangé des impressions, des images et tout cela définit son avenir. Voici ce qu’il dit :
L’armée anglaise avait interdit l’usage des appareils photos, elle les avait confisqués en même temps que les armes. Pour témoigner de ce monde militaire, d’une armée coloniale impérialiste, il ne me restait que ma capacité de dessiner.
Il faut savoir que le dessin lui était déjà familier dans son enfance : il raconte que sa grand-mère qui l’emmenait au cinéma voir des films d’aventures, une fois à la maison, lui disait : « Hugo, maintenant dessine ce que tu as vu », et, comme récompense, lui apportait un chocolat chaud et des biscuits.
Dans Fable de Venise, il évoque en préambule cette grand-mère, qui, a sa manière , l’a mis sur la voie de ce qui le passionnera devenu adulte : le mystère et l’ésotérisme. 

Bien plus qu’un personnage de bande dessinée, Corto Maltese est devenu un mythe. En inventant ce personnage, Hugo Pratt a trouvé le héros qui convenait à sa ligne, noire sur blanc, même si parfois l’aquarelle vient s’y ajouter.On découvre Corto Maltese dans l’album La ballade de la mer salée, qui commence ainsi :

On comprend à cette lecture qu’Hugo Pratt a donné une dimension mythique, sinon mythologique, aux aventures qu’il raconte. Cette introduction rappelle L’Odyssée et la fureur de Poséidon.
Ce texte, est inséré dans la première vignette qui occupe la moitié de la page, et entoure le dessin d’un catamaran océanien. Il vogue sur une mer agitée, alors que l’équipage repère au loin des naufragés … C’est ainsi qu’en 1962, les premiers lecteurs ont fait connaissance avec Corto Maltese.
Hugo Pratt a voyagé toute sa vie, Londres, Paris, Gênes, Lausanne, mais aussi en Argentine, en Amazonie, au Brésil … L’élégant Corto Maltese sillonne les mêmes voies dans des récits d’aventures qui sont autant de quêtes : retrouver «  les mémoires grecs de lord Byron » dans La maison dorée de Samarkand, ou bien une émeraude magique ancienne dans Fable de Venise … Mais ce qu’il cherche en réalité, c’est côtoyer les secrets de sociétés occultes, approcher l’inconnu et par conséquent le mystère. Peu importe ce qu’il découvrira. Corto est un romantique qui vit sa vie comme une sorte de poème fourmillant de personnages excentriques, de bandits, de compagnons de pays lointains, l’Ouzbekistan, la Sibérie, l’Amazonie, dans un climat de magie et de symboles à décrypter. 

Pourrait-on dire que c’est un rêveur actif ? Quand il dit à Bouche dorée : «  Ce serait bon de vivre une fable », elle lui répond :
«  Toi tu vis continuellement une fable et tu ne t’en aperçois plus. Lorsqu’un adulte entre dans le monde de fables, il ne peut plus en sortir, le savais-tu ? »
On peut se demander si cette phrase n’était pas destinée à Hugo Pratt lui même …

Exposition Hugo Pratt, Lignes d’horizon, Musée des Confluences,  Lyon

 

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