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« Trop de films tuent-ils le cinéma à la télé ? »

Aurélien Ferenczi dans Telerama s’interroge sur les relations entre cinéma et télévision :

« Résumé de l’histoire : par obligation, la télé finance le cinéma, au point que toutes les chaînes réunies ont participé pour un tiers au financement global des films français produits en 2015 ; mais le cinéma à la télé éparpille les télespectateurs (sur les chaînes de la TNT, notamment) plutôt que de les rassembler, comme il le faisait jadis, sur les chaînes historiques. Trop de films tuent-ils le cinéma à la télé ?(…)

Globalement, hors film d’action américain ou comédies à succès (ces dernières sont souvent programmées le dimanche soir, moment anxiogène pour ceux qui pensent à leur retour au boulot), le cinéma ne fait plus guère recette sur les grandes chaines « historiques », qui lui préfèrent les séries, un programme « frais », moins coûteux à produire et/ou à acquérir et plus propice à fidéliser l’audience (vous avez vu l’épisode 2, vous regarderez le 3). « Le vrai format de la télé, explique un observateur, celui qui n’épuise pas l’attention du spectateur et qui permet de passer de la réclame, c’est le cinquante-deux minutes… »(…)

Peu ou pas soumises aux obligations d’investissements (leur chiffre d’affaires est trop faible), les « petites chaînes » de la TNT se battent à coups de blockbusters en prime time  « Mais pourquoi les (..) chaînes de la TNT, qui ont obtenu une fréquence en promettant une identité, programment-elles toutes la même chose ? s’interroge un professionnel. Et pourquoi pas une chaîne spécialisée dans le cinéma d’auteur ? » Et Noël une fois par mois, aussi ?(…)

La vie des films à la télé est très bien réglée. Les succès se vendent et se revendent aux grandes chaînes gratuites, souvent au même prix : La Grande Vadrouille, Les Bronzés, ou, dans une moindre mesure, Ne nous fâchons pas, de Georges Lautner – le film le plus diffusé sur les vingt-cinq dernières années – continuent de marcher et de se négocier au prix fort (un millions d’euros la diffusion, en moyenne). L’enjeu pour les vendeurs est de maintenir ce tarif le plus longtemps possible. Commencer à brader ces films « immortels » aux chaînes de la TNT (ce qu’ont fait certains pour gagner un peu, très vite) les empêcherait de revenir ensuite sur TF1 ou France 2 et ferait définitivement chuter les cours. En cas de mauvaise audience, fin des ventes : le film disparaîtra à jamais du petit écran.(…)

Comment programmer correctement en télé un film que les incohérences du marché en salles ont fini par sous-exposer ?

« Le système n’est plus raccord, lance un observateur : si les télés ne trouvent plus leur compte dans les obligations, c’est qu’au lieu de financer le cinéma, on finance les exploitants : on a les mains sur le barrage pour garder le niveau d’exploitation, et tous les autres acteurs du marché y perdent. » Le barrage en question, c’est la fameuse chronologie des médias : un système règlementaire qui donne à chaque diffuseur d’une œuvre (successivement salle, plateforme VOD et DVD, télé payante, télé gratuite, SVOD) une « fenêtre » – un temps d’exploitation – suffisament long pour valoriser son investissement. A cause de la chronologie des médias, qui n’a pas beaucoup bougé depuis l’accélération du monde via le numérique, les films arrivent usés, oubliés, sans attrait, lors de leur diffusion télé. Et entretemps le piratage a fait son œuvre.

Mais si le premier diffuseur, le patron de salle de cinéma – et surtout d’une salle de circuit –, valorise mal son investissement, c’est-à-dire ne donne pas leur chance à des films moins immédiatement porteurs, comme un commerçant concentrant tous ses magasins sur un petit nombre de produits, n’y aurait-il pas moyen d’offrir plus vite les produits négligés au diffuseur suivant ?

Si tous les films qui sortent à peine en salles et ne passent jamais à la télévision pouvaient y passer en même temps ou plus près de leur sortie, cela ne créerait-il pas un peu de cette envie que n’a plus guère le télespectateur ? Et la vente de popcorn ne serait même pas affectée, promis, juré. » 10/05/16 (extraits)

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