« Tombouctou déjà vu », la solitude du spectateur.

La solitude du spectateur au moment de la déception.

A priori on n’est pas contre. On n’a pas d’hostilité. Ni de préjugés. Pas de réelle attente malgré une présentation élogieuse. (Entre nous, ces textes sont des pièges dont on devrait se méfier comme les guêpes des appâts sucrés.). Le titre suscite en nous quelque imaginaire, de lointain plus fantasmé que réel, d’un exotisme. On est curieux.
Qu’est-ce qui fait qu’un spectacle nous laisse étranger, et même nous repousse ? Expérience étrange d’un spectacle qui vous dévitalise, qui aspire votre énergie au lieu de vous nourrir.
C’est ce qui s’est passé mardi 3 novembre au Volcan avec « Tombouctou, déjà vu » d’Emmanuelle Vo-Dinh.
Yannick Butel,  pour l’Insensé | Scènes contemporaines, parle de « l’enjeu de dépasser les limites : celles liées aux attentes des spectateurs » (sic). Nous savons que parfois nos curiosités sont timides, mais en réalité, la distorsion entre le propos, ambitieux, et le résultat est trop grande.
Une scénographie évoquant Dogville de Lars Von Trier, d’après E. Vo-Dinh ? A Dieu ne plaise ! Rien qui ne rende sensible l’existence et la volonté d’une petite communauté, refermée sur elle-même, excluant le tiers, provoquant son isolement ou sa vindicte. Rien qui ne trouve la dimension mystique de la réflexion du cinéaste. Les danseurs à la table, au commencement, que les gestes lient ? Si la scène invite à suivre cette notion de cercle, tout est ensuite parasité par des répétitions stériles, des éléments exogènes : le texte, qui se révèle inutilement abscons parce que non éclairé par la chorégraphie, les jeux, les sons, l’errance d’êtres falots sur le plateau…

A jauger le vocabulaire superlatif décrivant le projet, on comprend que la réalisation exige une envergure qui s’avèrera faire défaut : « Il s’agit de montrer une communauté fusionnelle, qui s’aliène à travers des consignes. A l’intérieur de cette aliénation, comment trouver un espace de liberté, comment trouver sa place au sein de la communauté ? Des notions de pouvoir et d’humiliation entrent en jeu, et la noirceur de notre nature humaine est davantage regardée que la beauté du monde ! »
Il est question de danse ! Dans ce décor vide, où sont les corps dansants ? Comment travaillent-ils l’espace ? Les vides et les pleins ? Le groupe et la solitude ? Les mouvements d’ensemble porteurs de sens – sans même parler de l’invention de gestes inouïs, qui nous surprennent et nous touchent ?
On attend en vain une émotion, ressentie par les danseurs ou née chez le spectateur.
On se prend à penser à Christian Rizzo qui dans « D’après une histoire vraie », se confronte également à une communauté, à l’accueil et au rejet. Avec quelle intelligence !
« Ce qui m’intéresse, c’est que les petits jeux cruels amènent les corps dans des états et vers des émotions extrêmes » déclare la chorégraphe.
Hélas ! Dans ce « Tombouctou déjà vu », au titre dont on ne perçoit pas la pertinence, trop de petitesse, trop peu de générosité, et nous voilà excédés, « extrêmement » déçus, rejetés comme des tiers, vidés.
I. Royer

http://www.numeridanse.tv/fr/thematiques/269_la-ronde

http://www.lemonde.fr/culture/article/2015/07/06/choregraphie-revee-pour-somnambules-errants_4672367_3246.html#IslgPeLc4Gmwr7Ve.99

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