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Télévision et culture cinématographique

Aurélien Férenczi se demande dans Telerama si le cinéma français est menacé de disparition à la télévision : « Une tribune dans la presse interpelle la nouvelle patronne de France Télévisions : « L’absence totale de référence au cinéma dans votre discours nous laisse dans une grande incompréhension », lit-on dans ce texte cosigné par des noms prestigieux, dont Emmanuelle Bercot, Olivier Nakache et Eric Toledano — les réalisateurs d’Intouchables ou encore Catherine Corsini, au nom de la SRF (Société des réalisateurs de films).

« On voulait savoir quelle serait la ligne, explique-t-elle, parce que c’était silence radio. Et demander au service public de prendre plus de risques, de valoriser la jeune création. » Delphine Ernotte a fini par recevoir les cinéastes, poussée en coulisses, dit-on, par Audrey Azoulay, qui venait d’arriver au ministère de la Culture.

« Il est prévu de se revoir à Cannes, et puis on fera des bilans d’étape, poursuit la réalisatrice de La Belle Saison. Nos films doivent être mieux exposés, mais eux nous disent que le téléspectateur n’a plus forcément envie de voir du cinéma. Eh bien, il faut travailler à lui en redonner le goût. La chanson française, à une certaine époque, plus personne n’en voulait…»(…)

Un récent rapport du CNC (Centre national du cinéma) montre qu’en 2015 plus d’un tiers des investissements dans le cinéma français provient de la télévision : soit 378 millions d’euros sur un financement total de 1,2 milliard. Près des deux tiers des trois cents films produits en 2015 ont reçu de l’argent des chaînes….

Ce poids du petit écran dans le grand, qu’on ne trouve dans aucun autre pays, constitue la pierre angulaire du « système français » mis en place dans les années 1980 : pour maintenir un haut volume de production, à l’heure où l’on redoutait la disparition du cinéma en salles, il a été décidé de faire payer la télé, à travers des obligations de financement calculées sur le chiffre d’affaires des chaînes.(..)

Certes le nombre de films à la télé n’a jamais été aussi élevé : il a presque doublé en dix ans, passant de mille trois cents à plus de deux mille par an sur les chaînes gratuites, dont le nombre a lui aussi triplé avec l’apparition de la TNT. Mais cette multiplication des canaux a disséminé les téléspectateurs. On trouvait quarante-trois films dans les cent meilleures audiences de 1986. En 2015, ils n’étaient plus que… quatre.(…)

En revanche, sur les « petites » chaînes de la TNT, qui n’ont que peu ou pas d’obligations, le cinéma est « surperformant » et booste leur part de marché. Et les blockbusters hollywoodiens de tout écraser sur leur passage sur D8, 6ter ou HD1. (..)

« Avant, la télévision contribuait à élargir le spectre de la culture cinématographique, explique le sociologue Emmanuel Ethis, qui vient de publier Le Cinéma près de la vie (1). Aujourd’hui, la profusion de l’offre effraie, elle nous empêche de nous approprier les œuvres. Or, pour que le cinéma fonctionne, il faut qu’il soit au plus près de nos vies, qu’il puisse enclencher un espace de conversation. Les films n’en sont plus tout à fait capables, les séries, bien davantage. » (…)

Arte est, dans le paysage, l’exception qui confirme la règle, l’exemple d’un rapport vertueux avec le cinéma. Films rassembleurs le dimanche, classiques le lundi, création contemporaine le mercredi — jour bien approvisionné par les coproductions de la chaîne —, l’éditorialisation est claire et complétée par une offre web cinéphile —l’excellent magazine Blow up, notamment.

« La communauté pour qui le cinéma reste une expérience culturelle particulière, une expérience de vie, plus qu’une suite d’images qui racontent une histoire, a fait d’Arte sa chaîne. » Le film partagé du dimanche soir n’est plus la comédie de TF1 ou sa concurrente de France 2, mais, sur une plus petite échelle, ce Hitchcock sur Arte (Vertigo, le 24 avril dernier, par exemple) dont s’emparent avec bonheur les réseaux sociaux. » 3/5/16

 

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