Star wars, la trilogie de G. Lucas, reprend le schéma du Mythe analysé par Joseph Campbell..

Dans Télérama, Gilles Heuré explique l’influence de J. Campbell sur le réalisateur de Star wars. Occasion pour nous de reconnaitre le récit initiatique repris dans le film de J.J. Abrams, « Le réveil de la force ».

C’est en 1949, avec son livre « Le Héros aux mille et un visages », que Joseph Campbell développe sa théorie du monomythe : mythologies, légendes et récits suivraient, selon lui, le même schéma de construction du héros, dont les étapes seraient similaires.
L’homme ordinaire devient héros
Le mythe ? Il suffit d’être curieux pour le voir apparaître. « Que nous écoutions avec une réserve amusée les incantations obscures de quelque sorcier congolais aux yeux injectés de sang ou que nous lisions, avec le ravissement d’un lettré, de subtiles traductions des sonnets mystiques de Lao-tseu, écrit-il d’entrée de jeu dans L’Homme aux mille et un visages, qu’il nous arrive, à l’occasion, de briser la dure coquille d’un raisonnement de saint Thomas d’Aquin ou que nous saisissions soudain le sens lumineux d’un bizarre conte de fées esquimau — sous des formes multiples, nous découvrirons toujours la même histoire merveilleusement constante. »
Au centre de ces histoires, émergeant des limbes antiques ou médiévaux, se dessine le héros, d’abord homme ordinaire, puis aspiré par un fabuleux destin qui rejoindra ses rêves d’enfant et révélera sa courageuse détermination. Son parcours sera balisé par différentes étapes. Le « départ », d’abord, qui l’extraira de son environnement social pour le propulser dans « l’appel de l’aventure ».
Cette première phase d’initiation peut être encouragée par un personnage, par exemple un nain, un sorcier ou un ermite, qui l’incitera à assumer son destin. Suivront une série d’épreuves qui obligeront le héros à franchir des frontières inconnues et à affronter des ennemis, afin de conquérir ce qui assurera la sauvegarde ou le bonheur de l’humanité. « L’exploit du héros moderne, écrit Campbell dans « Le Héros aux mille et un visages », c’est de tenter de ramener à la lumière cette Atlantide perdue qu’est notre âme réunie. » L’autre vertu des mythes serait, selon lui, d’ordre pédagogique : ils permettent à l’individu de « s’identifier à l’humanité entière et non plus à une communauté précise ». Ils donneraient enfin de l’espoir : « C’est du fond de l’abîme que retentit la voix du salut. »

Que la Force soit avec le mythe
Autant dire qu’il s’agit de plonger en nous-mêmes, en un voyage initiatique, pour que se déploient des aptitudes atrophiées par le monde moderne, et, aussi, pour mieux prendre conscience des valeurs de la collectivité contre lesquelles l’individualisme contemporain, le machinisme et le scientisme conspirent pour les annihiler.

George Lucas a toujours fait état de sa dette envers le livre de Campbell pour la chevauchée héroïque de sa trilogie intergalactique. Invité par lui à voir les films, Campbell, loin de se sentir trahi, se serait écrié : « Nos ordinateurs, nos outils, nos machines ne suffiront pas. Il nous faut compter sur notre intuition, sur notre réel […] Luke Skywalker n’est jamais aussi raisonnable qu’au moment où il découvre en lui-même assez de ressources pour affronter sa destinée. »
L’épisode IV de Star Wars, baptisé « Un nouvel espoir », est bien campbellien en diable. Luke Skywalker, quittant sa ferme en plein désert pour affronter l’Empire des forces obscures, ramener les plans secrets de l’Etoile noire et délivrer la princesse Leia, a accompli son destin et conquis son Graal en devenant le héros de l’Alliance rebelle. Il a traversé les noires et infinies étendues de l’espace, où les pluies de météorites sont aussi tranchantes que les épines des forêts médiévales.
Comme le lui a appris Obi-Wan Kenobi, type de protagoniste essentiel dans la construction des mythes, qui guide le héros et lui montre la voie, Skywalker obéit à sa force intérieure et délaisse le viseur sophistiqué pour tirer sa torpille à protons à l’oeil nu. Emprunt à Campbell, encore, que la rédemption de Han Solo, mercenaire de l’espace qui devient héros à son tour en sauvant Skywalker.
La puissance de la fiction
(…) Dans ses écrits, Campbell entretient une tension constante entre citations et affirmations dans le but d’emporter l’adhésion du lecteur, confirmant sans le vouloir ce qu’écrit Jean-Pierre Vernant dans « Raisons du mythe », dernier chapitre de « Mythe et société en Grèce ancienne » (1974) : « Le mythe, dans sa forme authentique, apportait des réponses sans jamais formuler explicitement des problèmes. » Eperonné par ses lectures, comme Skywalker le sera par le mystère de sa destinée, Campbell confirme surtout la puissance de la fiction, donc de la littérature, qui n’éprouve aucun besoin de validation, puisqu’elle crée elle-même sa propre vérité.
(…) Gilles Heuré, Télérama.

Comments

  • By Isabelle Royer - on

    Le nouvel épisode de Star wars est partiellement décevant car il reprend l’intrigue de l’épisode IV qui voyait l’avènement et les aventures de Luck Skywalker : Rey (Daisy Ridley) est de la même façon initiée à un destin plus grand qu’elle. Le spectateur reconnait des paysages, des personnages familiers : c’est comme une famille ! Il se demande s’il est bien raisonnable de montrer Han Solo, Princesse Laeia et Luck Skywalker en vieillards…Puis il se dit que Star wars déroule justement des histoires de familles, histoire de transmission, d’héritage, de filiation… Quel père ? Quel fils ? Quelle fille ? La

  • By Isabelle Royer - on

    Le nouveau film de Star wars, réalisé par JJ. Abrams est partiellement décevant car il reprend l’intrigue de l’épisode IV « Un nouvel espoir » où Luck Skywalker découvre son destin.
    De la même façon Rey (Daisy Ridley) est arrachée à son milieu pour un défi qui la dépasse et qu’elle relève avec une énergie réjouissante. Le spectateur revoit des paysages, des situations, des personnages familiers. Il se demande s’il est bien raisonnable de montrer Han Solo, Princesse Leia et Luck Skywalker en vieillards…C’est comme une famille !
    C’est bien de cela qu’il s’agit dans Star wars : des histoires de familles, de filiation, d’héritage, de transmission. Quel père ? Quel enfant ? Qu’est-ce qu’être parent ? Enfant ? La relève est assurée, les jeunes héros reprennent le flambeau, et leur monde n’a pas changé…
    L’apparition d’un traître de l’armée du Premier ordre (avatar de l’Empire) est sans doute la seule originalité de cet épisode. IR

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