Robert Lepage, drôle et émouvant.

On est sortis rassérénes du Volcan hier soir après avoir entendu « Nous savons que nous ne sommes pas seuls » les derniers mots du poème de Michèle Lalonde. La pièce de Robert Lepage, 887, plongée dans l’histoire intime et la grande histoire, semble couler de source, drôle, intelligente, émouvante.

Tout le spectacle prépare la récitation -magnifique – du poème de Michèle Lalonde, Speak White, où il est question de l’interdiction faite aux esclaves de s’exprimer dans une autre langue que celle de leurs maîtres blancs, dont on comprend peu à peu qu’il lui est impossible d’en retenir ne serait-ce que les premiers vers.

En effet, la figure du père est celle d’un petit chauffeur de taxi se saignant aux quatre veines pour sa famille, notamment l’avenir de ses enfants. Quand le jeune Robert est refusé à l’école des Jésuites au motif qu’ils ne sont pas certains de sa solvabilité, sa mère lui fait jurer de ne rien dire au père : « cela l’achèverait ». L’anglais, « une langue riche pour acheter, mais pour se vendre … »

De même l’évocation de l’histoire du Québec est celle d’une province francophone sous domination anglaise. L’adresse de son immeuble est proche des Plaines d’Abraham, où les troupes britanniques triomphèrent des Français. Frustrations, révoltes, lutte des mouvements pour l’indépendance du Québec  – que le fameux « Vive le Québec libre » du général De Gaulle  exacerbe…

Tout concourt à donner chair au poème Speak  White  lu le 27 mars 1970 à Montréal, lors de la Nuit de la poésie en soutien aux poètes francophones et que Robert Lepage déclame enfin de manière forte et riche de tous ses souvenirs :

 

quebec.huffingtonpost.ca

« Robert Lepage est depuis longtemps reconnu pour sa façon d’incorporer la technologie au théâtre comme nul autre avant lui, ainsi que pour le raffinement de sa construction dramaturgique. Mais rarement est-il allé aussi loin dans son intimité pour nous raconter une histoire.

Question d’illustrer la mince ligne qui sépare sa vraie vie de sa nouvelle œuvre, il s’amène sur scène avant que les lumières de la salle ne s’éteignent, rappelant au public les règles d’usage au théâtre et continuant de discourir jusqu’à ce qu’on réalise que la pièce a déjà débuté.(…)

Retournant aux origines du théâtre en jouant avec les ombres chinoises, tout en mettant à profit sa formidable maîtrise de la technologie moderne, il nous éblouit avec une machine scénique qui ne prend jamais le dessus sur son propos. »

 

 

 

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