Observatoire de la crise

Observatoire des politiques culturelles (15 avril)

Si le déconfinement passera, entre autres, par une appli mobile sur la base du volontariat, des voix s’élèvent contre le risque d’une surveillance numérique invasive. Olivier Tesquet s’alarme de la sous-traitance des fonctions régaliennes de surveillance au secteur privé. Michel Lussault, dans une chronique géovirale, parle, lui, d’auto-confinement. Chaque individu s’astreint lui-même à accepter une clôture. Ce ne sont plus les espaces institutionnels disciplinaires comme l’école ou la prison, tels que les décrivait Foucault, qui créent le confinement mais le domicile.

Comment faire vivre le théâtre ou la musique sans publics ? « Voir un live sans public, c’est un peu avoir le privilège de regarder l’artiste dans son intimité créatrice » peut-on lire dans un article sur Slate qui commente le développement de concerts en ligne. D’autres voix incitent à tout arrêter. Mathieu Bertholet (théâtre de poche de Genève) défend l’expérience du manque pour se rendre compte « que ce qui nous manque le plus c’est de nous réunir ».

Jean-Pierre Saez notait dans une interview à la Gazette des communes, une forme de surmobilisation des acteurs culturels pour proposer des ressources en ligne, qui est (…) ambivalente, avec, d’un côté un très fort élan de générosité et de solidarité, et, de l’autre, l’expression d’une anxiété. Avec le confinement, les musées mesurent un bond de leur Trafic sur leur site Internet. Le Service du livre et de la lecture du ministère de la Culture, observe, dans une enquête flash, que 68% des bibliothèques constatent une augmentation des usages pour leurs ressources numériques. Néanmoins, les grandes gagnantes de ce confinement forcé ne seraient-elles pas les plates-formes payantes, essentiellement américaines ?

Joris Mathieu invite à questionner le scénario dans lequel nous vivons. Jusqu’à aujourd’hui, « nos imaginaires, (…) freinés par l’obligation de vivre et travailler à un rythme effréné, engoncés dans cet aller-retour permanent entre consommer et être consommé, n’étaient pas en capacité d’accepter cette réalité tangible, ni d’y opposer des alternatives convaincantes ».

Dans le monde d’avant, les brevets et innovations étaient jalousement protégés. En plein crise sanitaire, la course à l’ouverture et la transparence est lancée. Pour Usbek et Rica, le covid va contribuer à propager le mouvement maker.


Kit de survie culturelle

Le CCO de Villeurbanne a ouvert un blog participatif dont l’une des rubriques #unmondecommun regroupe des alternatives pour faire autrement en temps de crise. Nous y avons repéré la proposition de radio Nova qui invente avec des musiciens, écrivaines, cinéastes, dessinatrices, philosophes le monde d’après.

L’initiative #Mulhouseresiste avait échappé à notre vigilance : une ruche d’artistes et d’artisans d’art incite à lutter contre la morosité avec la création de drôle de masques.

Le musée Vauban alimente une rubrique ressources sur le thème du Streets art, notamment pertinente pour les enfants : comment construire un alphabet en origami, fabriquer des tampons ou des stickers maisons. PaQ’la Lune, association d’éducation populaire, met en ligne un carnet de vacances culturelles. Si l’envie vous prend de danser en famille, nous avons sélectionné dans la newsletter du Département de l’Isère Le grand bal des entêtés. Le musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal met en valeur ses tutos-gallos : comment bien porter sa toge, faire du feu ou envoyer un message. Si le MashUp Film Festival 2020 reporte son édition, l’appel à projet invite toutes les sensibilités artistiques à se lancer dans l’exercice jubilatoire de la culture mash-up qui consiste ici à se réapproprier un nombre illimité d’images, de sons et réaliser son propre film à partir de ce matériau.
Pour voyager, visionnez les douze vidéos d’artistes tunisiens et internationaux à l’occasion du festival de vidéo de Gabès. La cinémathèque diffuse grand nombre de Master classes avec des réalisateurs comme Tim Burton, Agnès Varda, James Gray, Isabella Rossellini ou Martin Scorsese.

Le centre d’art 40mcube propose de plonger dans les archives de ses expositions : dessins préparatoires, éléments de médiation , photos d’œuvres…

Si vous avez mal à l’âme, pourquoi ne pas appeler le théâtre de la ville de Paris pour une consultation poétique ? L’Auberge Espalionne a imaginé, elle, « les souffleur-se-s de mots », un service téléphonique pour tenir compagnie le temps d’un appel, pour discuter, lire un poème, chanter…

Pour finir, sur les réseaux sociaux, le passe-temps qui rassemble le plus les suffrages est… la cuisson du levain ! Des candidats pour se lancer dans la compétition du pain le plus réussi ?

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