Cinéma du réel, Centre Pompidou, 39e édition, du 24 mars au 2 avril

L’attention accrue portée aux minorités et à leur représentation a induit ces derniers mois, du côté de la présence noire à l’écran, une floraison inaccoutumée, venue principalement des Etats-Unis. (…)

Il ne relève pas pour autant de la génération spontanée. L’histoire du cinéma afro-américain est sinon aussi connue, du moins aussi longue que celle du cinéma américain lui-même. Mais elle reste, très majoritairement, entre les mains des Blancs, qu’il s’agisse des « race movies » proposés au public afro-américain de 1915 à 1950, dans un circuit parallèle à celui de Hollywood, ou, dans les années 1970, de l’instrumentalisation par l’industrie hollywoodienne du « black power » à travers des films de genre ethniques (« blaxploitation ») dont les Noirs sont les héros.(…)

Un authentique cinéma indépendant afro-américain naît pourtant aux Etats-Unis, dont rend compte le festival Cinéma du réel, qui se tient du 24 mars au 2 avril au Centre Pompidou, à Paris.(…)

Plutôt que des films militants, ce sont donc des films en lutte, mis en œuvre collectivement (chacun collabore au film de l’autre à des postes divers), en quête d’une identité en rupture souvent recentrée sur l’africanité, où les images entretiennent un lien poétique électif avec la musique, elle-même engagée et à dominante de blues et de jazz. Peu de dialogues, une forte charge atmosphérique, un ancrage social précis, une primauté au geste, politique ou créatif, c’est ici tout un.(…)

Il semble, dans un tel contexte, d’autant plus urgent de découvrir ce cinéma enseveli par l’indifférence mais constamment propagé par des réseaux parallèles, et auprès duquel les productions hollywoodiennes contemporaines, qui préfèrent toujours montrer des hommes et des femmes noirs plutôt que de leur confier une caméra, semblent passablement édulcorées.(…)

Jacques Mandelbaum

44 films en compétition, répartis en quatre sélections, internationale, française, premiers films et courts-métrages. Sont également proposés plusieurs programmes spéciaux, dont une intégrale du cinéaste italo-brésilien Andrea Tonacci (1944-2016), un focus sur la documentariste thaïlandaise Ing K, trois films de l’Italien Franco Piavoli, des inédits, des débats et un hommage, sous la forme d’installations, à l’ethnologue et cinéaste Jean Rouch, qui fut l’un des parrains du Cinéma du réel, à l’occasion du centenaire de sa naissance.

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